Page:Alletz - Discours sur la république de Venise.djvu/27

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torité prit ses précautions contre un danger qu’elle dot prévoir avant de le connaître. Cependant l’imprimerie, considérée d’abord comme un art lucratif et une branche de commerce, reçut à Venise de grands encouragements. Les lettres et les arts étaient loin d’y être méprisés ; on leur permettait d’ajouter à la splendeur de la république. Un historiographe était chargé de rédiger les annales de Venise ; mais c’était l’aristocratie qui lui faisait raconter, sa propre histoire ; aussi, cette charge fut toujours remplie par un patricien.

Mais voyons les Vénitiens à l’œuvre dans toutes leurs guerres, et remontons, pour interroger leur ambitieuse politique, à la fondation de leur puissance.

La plus utile de leurs conquêtes devait être celle d’un territoire qui leur procurât les premières satisfactions de la vie, le blé, le vin, l’huile, le bétail, le lin, le chanvre et le bois. Ce territoire n’était pas loin, puisqu’ils le voyaient dans la côte orientale du golfe. Les peuples qui l’habitaient, ayant imploré contre les pirates de Narenta le secours de la république, celle-ci les protège avec tant de zèle, qu’elle finit par les mettre tout à fait à couvert sous sa domination ; ainsi elle devient maîtresse de l’Istrie et de la Dalmatie. Ceci se passait sous le règne du doge Urseolo. La plus grande place où trafiquât Venise était Constantinople ; c’était donc dans cet empire qu’il lui importait le plus d’avoir son franc commerce. Sa réputation belliqueuse lui valut cette immunité dans l’étendue de l’empire. En récompense d’une faveur aussi signalée, la république porte secours à l’empereur de Constantinople contre les Normands qui, maîtres de l’Italie méridionale, faisaient irruption dans ses États. Ce service est suivi d’une nouvelle grâce de l’empereur qui, dans tous ses ports, met sur le même pied les