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Page:Alletz - Discours sur la république de Venise.djvu/39

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neutre, en 1791, durant la guerre générale, il avait été obligé de livrer passage, sur son territoire, aux troupes autrichiennes qui marchaient sur Milan ; après avoir refusé de reconnaître la république française, on le vit, corrigé au bruit de nos victoires, recevoir un envoyé de la nouvelle république. Impitoyable par crainte, il chassa de son territoire, sur un signe que lui fit la France, le frère aîné de Louis XVI qui fit à Venise ce noble adieu : « Je pars, mais j’exige qu’on me présente le livre d’or, pour que j’en efface le nom de ma famille. »

Dans la guerre entre l’Autriche et la France, les Vénitiens épiaient la fortune pour se jeter aux pieds du vainqueur ; trompés dans leur lâche prudence, et ayant embrassé trop tôt les genoux de l’empereur, il leur fallut s’humilier devant le général Buonaparte pour qui le sort des armes s’était déclaré ; mais lorsqu’ils implorèrent sa pitié en faveur d’un gouvernement qui se reconnaissait sans défense, le vainqueur de l’Italie leur fit comprendre que leur prodigieux abaissement, loin de sauver un empire qui avait duré treize siècles, était le meilleur signe de sa fin irrévocable.

Le traité de Campo-Formio mit fin à l’existence de cette célèbre république, qui devint plus tard une simple province de l’empire d’Autriche.


FIN.