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qui dure encore. Le premier a laissé bien loin derrière lui Mably et Raynal ; le second n’est pas inférieur à Laharpe ; le troisième est moins profond, moins fécond, moins serré que Condillac, mais plus riche, plus élevé, plus éloquent. Je n’examine pas ici les doctrines : je me tiens au parallèle des génies.

Depuis vingt ans, toute notre littérature d’imagination relève de MM. de Lamartine et Victor Hugo : celui-là a détrôné J.-B. Rousseau, et celui-ci a fondé l’école de poésie que rêvait André Chénier. Les Méditations poétiques et les Orientales sont, en France, les monuments de la poésie contemporaine.

Le plus grand prosateur et le plus grand poëte du xixe siècle ont dû au christianisme leurs premières couronnes. M. de Châteaubriand avait prouvé qu’il sort de cette religion un souffle poétique qui soulève le génie ; M. de Lamartine est venu, et, déployant ses ailes, a confirmé le précepte par l’exemple. Aussi, peut-on répéter ce qu’on disait d’Homère qui avait créé Virgile, c’est que si M. de Châteaubriand a inspiré M. de Lamartine, c’est son plus bel ouvrage. Ce chantre harmonieux de l’amour et de la douleur a mis la vérité dans la poésie française : il l’a forcée a rendre des sons qui descendent jusqu’au fond de notre âme ; et