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lutte à livrer, plus d’un ennemi à vaincre, plus d’une distance à franchir, avant de se réunir à l’objet désiré. Mais l’avare satisfait sa passion dès le jour où il fait sa première épargne ses plus vives jouissances naissent de ses privations or, comme l’a dit Saint Augustin parlant de l’abnégation chrétienne le domaine des privations est "sans bornes."

    La source de son prétendu bonheur est toujours près de lui rien de plus stable, de plus fixe de plus intense que cette cupidité repliée sur elle-même, qui, fuyant la société des hommes, comme une occasion de dépenses, se concentre et s’isole 

pour jouir silencieusement d’une ombre d’un signe, d’une idée (1).

    La tempérance et la sobriété sont, chez tous les hommes, des vertus, excepté dans l’avare. Son caractère est bas, sa lâcheté extrême, sa dureté révoltante, son égoïsme sans fond ni rivages il laisserait ses enfants mendier, s’il l’osait, et détacherait un anneau du doigt de sa mère expirante, non pour le garder un jour comme souvenir, mais pour le vendre, après l’agonie, au poids de l’or (2). 

(1) Idée d'unité. (2) Idée de justice.