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    L’envieux ne peut former que des souhaits impies. 

Que n’est-il sorcier il jetterait bien vite un mauvais sort sur tels hommes qui à son gré, sont trop heureux. Leur existence lui paraît injustement longue. S’il survient une catastrophe publique, avant de savoir le nom des victimes, sa première pensée est qu’il peut être débarrassé d’un odieux concurrent. Sa conscience indignée cherche en vain à étouffer cette maligne espérance. Il irait volontiers, sous le faux semblant de l’amitié, demander des nouvelles de celui qu’il déteste en secret, et qu’il sait dangereusement malade. En approchant du seuil de cette maison il n’est pas impossible que son cœur palpitât d’un horrible désir ; ne voudrait-il pas, sans oser se l’avouer, qu’on lui répondît " Votre ami est mort ? »

    II est des moments où les succès et le bonheur 

d’autrui lui causent de si prodigieuses douleurs, qu’il prend sa propre vie en dégoût. Il ne veut plus rester sur une terre où il est méconnu aussi le voit-on peu à peu maigrir et se dessécher c’est qu’il a pris une forte dose de poison mais ne vous y trompez pas, ce poison est l’envie (1).

    Cette passion farouche naît d’un amour excessif 

pour notre propre intelligence. Nous idolâtrons

(1) Idée d’existence