Page:Alletz - Harmonies de l’intelligence humaine, tome 2.djvu/264

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leur devoir est de donner la mort ou de l’attendre nul ne choisit son ennemi on ignore qui l’on égorge, et l’inimitié ne met point le feu au bronze qui vomit la mort. Ces guerriers ont quitté le champ qui les a vus naître séparés de leurs familles, de leurs amis, de leurs concitoyens, ils ne savent s’ils ne leur ont pas dit un adieu éternel cette journée en décidera (1). Une plaine immense a disparu sous les images multipliées de la vie. C’est un déploiement merveilleux de l’existence humaine. Tout un peuple est debout sous les armes. Leurs rangs immobiles ressemblent aux sillons couronnés d’épis mûrs qu’aucun souffle ne fait ondoyer. Dans chacune de ces têtes réside une intelligence sous chacune de ces cuirasses s’agite une âme. Dans quelques heures peut-être, combien de ces existences moissonnées, quels monceaux de cadavres (2) L’issue de la bataille est douteuse cette incertitude remplit l’âme d’une émotion solennelle. Les destinées de deux nations, que dis-je ? de l’Europe et peut-être du monde vont être pesées dans la balance de la victoire. L’imagination vole éperdue vers cet avenir couvert de nuages. L’ignorance

(1) Idée d’amour. (2) Idée d’existence.