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Nous étions sans cesse prêts à nous écrier, comme l’apôtre aux pieds du Christ transfiguré: « Il fait bon ici ; dressons-y notre tente » Nous aurions voulu cacher notre vie au fond de cette fraîche vallée, dans cet ermitage couvert de mousse, ou au pied de cette montagne, près d’une chute d’eau qui répand la fraîcheur dans l’âme comme dans les sens, ou sur les bords de cette mer furieuse, non loin de ce monastère d’où s’échappe, mêlé au murmure des flots, le tintement des cloches ; ainsi nous rêvions le bonheur là où nous ne pouvions nous arrêter. Fidèle image des sentiments de l’homme, qui, dans cette vie rapide, n’aperçoit jamais, que de loin et en rêve, l’asile de la paix et du contentement

Au retour, le voyage inspire d’autres idées, cause d’autres émotions. Les heures vous paraissent plus longues et vos chevaux plus tardifs ; les arbres de la route passent un à un devant vos yeux, avec une lenteur désespérante.

Mais que dirons-nous des émotions du voyage, lorsqu’après une longue absence on se sent ramené vers son pays ? Vous calculez sans cesse le moment de votre arrivée ; ce compte des heures est l’objet unique de votre pensée, le texte inépuisable de vos paroles. Une crainte secrète trouble votre joie. Comment retrouverez-vous ceux que vous aimez ? Vous supposez une maladie, un accident, mi mal-