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lard que ne fait, dans ses espérances, l’année qui
s’ouvre et qu’il se flatte d’ajouter aux autres ; sentiment
conforme à celui que doit avoir un être qui a
commencé et qui ne doit jamais finir. Toutefois, il est
beaucoup d’hommes qui à cet âge écartent soigneusement
l’idée de la mort, comme pour mieux
jouir de la grâce qu’elle leur fait; en rusant avec
elle, ils croient retrancher de son empire tout le
temps pendant lequel ils l’oublient.
Ce qui nous console d’avancer en âge, c’est de vieillir avec ceux qui nous entourent. Le plus intolérable des supplices serait celui d’un homme condamné à sentir le poids des années, au milieu d’une multitude douée d’une jeunesse éternelle. Mais tout passe et fuit avec nous. Il est une occasion qui jette une lumière soudaine et imprévue sur ce progrès imperceptible des années : c’est quand deux amis, qui se sont quittés dans leur âge mûr, se rencontrent tout à coup dans leur vieillesse chacun sert de miroir à l’autre et personnifie le spectre du temps (1).
Au reste, la sérénité du vieillard ressemble à ce calme de la nature qui, dans les soirées d’automne, accompagne toujours le coucher du soleil. L’éloge de toute une vie est écrit dans son sourire. Heureux qui, voyant l’horizon se rapprocher et l’ombre borner
(1) Idée d’éternité.