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l’âme humaine que cet assujettissement aux organes : il est des malades qui s’irritent de dépendre de tout le monde leur plainte est souvent un effet de l’orgueil. Il en est d’autres qui trouvent un certain charme dans leur faiblesse même, et ce qu’ils cherchent dans les soins qu’on leur donne, ce n’est pas seulement l’espoir d’être soulagés, mais l’attention dont ils sont l’objet.

Lorsque vous veillez auprès d’une personne chérie que vous savez atteinte d’une maladie mortelle, et que vous sentez qu’elle vous quitte et se détache insensiblement, tandis que vous pressez sa main entre les vôtres, vous allez jusqu’à implorer le mal qui l’emporte, comme un être capable de vous entendre, et vous ne comprenez point qu’il puisse résister à vos larmes.

La mort même vous semble devoir céder à cette puissance qui est en vous, et que vous donne la faculté d’aimer. Enfin vos vœux ardents cherchent le chemin du ciel : rien ne fait mieux croire à l’existence de Dieu que le besoin de prier pour le salut d’un mourant (1).

Quel état singulier que celui du malade qui reste longtemps suspendu entre la vie et la mort ! En vain le printemps succède à l’hiver ou l’automne à l’été ; pour lui, il n’y a plus de vicissitudes dans


(1) Idée de puissance.