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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

vient évidente que par la nature des effets qu’il produit. Jusque-là, ses principes, voilés sous des formes captieuses, séduisent l’intelligence du grand nombre. Notre paresse naturelle nous empêche de contrôler la vérité de la doctrine qu’on nous annonce, et de vérifier à l’œil et à la balance le titre et le poids de la monnaie que nous recevons. Il faut que nous nous trouvions appauvris ou ruinés, pour nous apercevoir que la pièce n’était pas de bon aloi. Ainsi en est-il aujourd’hui du spiritualiste froid et aride, dont on a endoctriné la génération d’hommes, devenue la partie vive de la nation.

Ce spiritualisme s’en est allé fondre à tire d’ailes sur les doctrines du dix-huitième siècle ; et, fantôme de vie, il s’est mis à combattre la mort. Reniant le feu divin du sentiment, et à demi glacé lui-même, il a tracé l’épitaphe du néant sur le tombeau du matérialisme. Il a dit à celui-ci : « Tu dors dans la poussière ! » et à l’amour « Tu y retourneras ! » Il parlait ainsi, lui qui, pour mériter le beau nom de spiritualisme, aurait dû, en attribuant à l’ame le don de voir la vérité, lui reconnaître le pouvoir de la goûter ; car l’ame peut-elle voir la vérité sans l’aimer ? elle se l’incorpore en l’adorant : c’est sa manière de s’en nourrir ; et le soleil du monde