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peuple ne se retrouve qu’à peine dans ses propres institutions : on dirait un essaim de colons sur un rivage habité avant d’être connu. Le malheur est que, dans un tel pays, les hommes qui manient les affaires sont d’un âge trop mûr pour changer de maximes : aussi une nation placée en de pareilles conjonctures éprouvera-t-elle un funeste malaise jusqu’à ce que la chose publique tombe aux mains des hommes qui, lors de la dernière révolution, étaient assez jeunes pour n’avoir rien eu à oublier. Du reste, il est certains politiques qui ont le tort d’aimer assez le passé pour être plus vieux que leur âge. Ils s’entêteront pour des choses mortes qui leur paraissent subsister encore parce qu’elles leur plaisent. Une tradition de famille, une étude favorite ou glorieuse, une pente d’esprit ou de passion suffisent pour donner à leurs souvenirs la fraîcheur et l’énergie de la réalité. Qu’on mette le pouvoir entre leurs mains, ils copieront une politique qu’ils admirent, joueront le personnage d’un grand homme qui n’est plus, et exhumeront, pour les vivants, des lois qu’avaient emportées les morts.

C’est ce que nous voyons en France, où les