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dans lequel il l’engageait à sortir de son isolement, à se rapprocher du peuple suivant l’exemple de ses ancêtres et à transporter sa capitale à Tôkyô. Il entraîne le souverain dans sa politique. Il s’appuie, en même temps, sur l’opinion publique qu’il s’efforce de former. Il suscite la création de journaux. Il s’attaque de plus en plus au régime féodal ; avec l’aide de samouraï parvenus et que la jalousie à l’égard de leurs suzerains a rendus légitimistes, il amène les grands seigneurs militaires, ou daïmios, à renoncer à leurs pouvoirs ; il abolit jusqu’à leur titre et passe au gouvernement l’administration de leurs provinces (1871). Il supprime ensuite les samouraï comme classe militaire, leur interdit de porter le sabre dans la rue, et fait décider que le recrutement de l’armée se fera désormais dans tous les rangs de la nation (1876). Comment le vieux régime d’intolérance religieuse aurait-il pu se maintenir dans un pays où tout, jusqu’à sa forme sociale et politique, se modifiait si vite ?

Il y eut d’abord quelques représentations amicales de ministres étrangers qui remarquèrent que le mot de « religion perverse », figurant dans l’édit de prohibition, était loin d’être aimable pour les nations qui se disaient chrétiennes. On biffa l’adjectif, mais on n’en maintint pas moins la défense. Le gouvernement envoya même à Nagasaki un samouraï d’Omoura, Watanabé (aujourd’hui le baron Watanabé), pour s’assurer que l’édit était strictement observé et, en cas de transgression,