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pour se saisir des coupables. Les catholiques, descendants des anciens convertis des jésuites et que le Père Petitjean avait de nouveau groupés en 1865, eurent beaucoup à souffrir de cette survivance de l’esprit persécuteur. À plusieurs reprises, le ministre de France dut intervenir. Il y avait là une politique qui était en contradiction trop visible avec la volonté affirmée par l’Empire de prendre rang parmi les nations civilisées et libérales. Elle était d’ailleurs soutenue par ceux-là mêmes qui avaient été les plus opposés à la révolution de Meiji et qui regrettaient le Shôgounat disparu[1]. Le gouvernement nouveau ne pouvait s’y obstiner sans illogisme.

Et puis, très rapidement, le Japon admettait toutes les importations étrangères, surtout les importations d’idées. Un publiciste, qui devait attaquer un jour, avec la dernière violence, l’introduction du christianisme, Yasui Sokken, raconte que l’un de ses amis avait environ une centaine de camarades qui fré-

  1. C’était aussi, trop souvent, l’attitude d’hommes qui avaient pris une part active à la révolution, mais qui trouvaient trop pacifique le gouvernement d’Ôkoubo. Ce parti de samouraï belliqueux aurait voulu, notamment, déclarer la guerre à la Corée. Il avait pour chef Saïgo et s’appuyait surtout sur la puissante maison de Satsouma. Il faudra du temps pour le soumettre. En 1876, on verra Saïgo refuser de se rendre à l’inauguration d’un chemin de fer, son parti quitter Tôkyô et se grossir des samouraï mécontents, une armée de 30.000 hommes se former ainsi et marcher sur la capitale en protestant contre le costume européen, le calendrier grégorien, la « propagande des religions infernales », l’abandon du port de deux sabres. Et cette guerre civile durera sept mois.