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Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/25

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mécontentement et même des émeutes[1]. Le gouvernement déclara que la suppression des « écriteaux » avait été commandée parce que leur contenu n’était ignoré de personne, mais que la loi elle-même subsistait. Il jouait un double jeu : aux intransigeants de conservatisme, il aurait bien voulu faire croire qu’il n’abrogeait aucune des mesures prohibitives ; et aux novateurs, comme aux étrangers, il donnait à entendre le contraire. Au fond, il redoutait un peu les divisions religieuses, et il tenait à garder ses vieilles armes. Dans la pratique, le régime de la tolérance était établi. Le jour de Pâques de cette année, la plupart des catholiques d’Urakami qui avaient été dispersés dans l’intérieur du Japon étaient remis en liberté et rendus à leurs familles.

Un détail doit frapper dans cette première période où l’Évangile, sous la forme protestante, essaie de pénétrer dans l’Empire. Tandis que les missionnaires n’étaient pas autorisés à prêcher en public, les Japonais songeaient à tirer parti de ces étrangers pour leurs projets de rénovation nationale. À peine Brown

  1. Il faut bien se rendre compte que tous les problèmes surgissaient à la fois. Celui de la liberté religieuse ne se présentait pas à part. À ce même moment, à Hiogo, quelques daïmios s’ouvraient le ventre en apprenant que des dames de qualité avaient échangé leurs vêtements nationaux contre des habits à l’européenne. Ailleurs, les lois sur le recrutement de l’armée soulevaient des commencements de révolte. « Les gens du commun peuple, dit M. Yamaji, voyant qu’on voulait changer les lois et les coutumes, se demandaient si l’on n’allait pas gouverner à l’aide de la magie. La revision des actes civils leur faisait craindre que ce ne fût un expédient pour livrer leurs filles à l’étranger. » (Mélanges japonais, n° 13, janvier 1907, p. 131.)