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Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/37

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que de ce qui peut me servir. » Cet utilitarisme, et non pas une inquiétude spirituelle, est ce qui attire tant d’hommes faits et de jeunes gens autour des missionnaires. Encore faut-il comprendre exactement cet utilitarisme qui n’est pas toujours ce qu’on se figure. Sans doute, parmi tous ces gens, il y a des individus peu scrupuleux qui s’entendent, au Japon comme ailleurs, à exploiter la naïveté des bonnes âmes. Admettons qu’il y en a beaucoup. Mais ces professionnels d’une sorte de demi-escroquerie sont partout les mêmes. Une fois leur coup fait — c’est-à-dire dès qu’ils ont soutiré la somme convoitée, — ils disparaissent[1]. Ce ne sont pas eux

  1. Il y a des gens qui ne veulent connaître que ces histoires. Pour qu’ils ne soient pas trop déçus en lisant ces pages, j’emprunterai pour eux un passage d’un article publié par M. L. Joly dans la Revue du Clergé français (1er avril 1907) : « Suivez du regard ce Japonais, à l’air pénétré, qui sonne à la porte d’un des Révérends venus des bords de la Tamise pour recruter, parmi les héritiers d’Ama-Térasou, des adhérents au christianisme que la grande Vestale d’Occident formula jadis en 39 articles. Le Révérend, pour se créer une clientèle, a annoncé, dans ses prospectus, qu’il enseignerait gratuitement l'anglais, afin que sa jeune Église offrit vite le touchant spectacle de néophytes adorant le Dieu d’Élisabeth, dans la même langue et avec le même cœur. Donc le petit Nippon se présente. Pour pouvoir étudier bientôt le christianisme des 39 articles, il étudie tout d’abord, et avec ferveur, l’anglais, langue indispensable par là, et qui tend à remplacer, partout, même le japonais. Entre temps, on lui demande bien de paraître au temple, et il y paraît, d’y chanter, et il y chante. Bien logé, confortablement nourri, recevant chaque jour ses leçons d’anglais, il tient à prouver qu’il a été attiré avant tout par la grâce et prévient même, par son assistance au prêche, les douces invitations du Révérend. Le Révérend, lui, bénit celui qui tient entre ses