Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/38

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qui feront des sacrifices en faveur de ce qu’on pourrait appeler une « association cultuelle » ; leur rêve, c’est de profiter des sacrifices des autres et non d’y ajouter les leurs propres. C’est donc un utilitarisme d’une autre espèce dont il faut distinguer l’action dans le mouvement incontestable qui se manifeste alors dans une partie du peuple japonais. Les progressistes sont frappés par la supériorité de la civilisation occidentale. Ils décident de se l’assimiler en bloc. Puisqu’elle comprend des éléments chrétiens, ils absorberont ces éléments chrétiens avec le reste. À Imabari, dans l’île de Schikokou, le pasteur indigène Isé fonde, en 1879, une communauté indigène avec 7 membres. Elle atteint presque aussitôt le chiffre de 40. Près de trois cents non-chrétiens

    mains la clef des cœurs ; il inscrit avec bonheur le petit Nippon parmi ses adhérents, et il a grand soin d’envoyer sa liste ainsi établie à la pieuse association qui, là-bas, dans la mère patrie, alimente sa mission. Hélas ! après six ou douze mois d’un postulat édifiant, le néophyte constate qu’il sait assez d’anglais pour voler de ses propres ailes. Il plante là le Révérend et ses 39 articles ; il décampe, sans oublier d’emporter le dictionnaire et la grammaire qui lui avaient été prêtés ; et vous pouvez être assuré que, baptisé ou non, le rusé Nippon ou fripon ne sera jamais revu par les Révérends dans leurs temples, petits ou grands. » Tout cela est spirituellement conté, mais fait aussi penser aux respectables personnes qui se fondent sur des histoires d’aigrefins professionnels pour nier le paupérisme et l’existence des questions sociales. C’est surtout très commode pour écarter les vrais problèmes. À ne vouloir entendre parler que des incidents de ce genre, on n’est plus capable de rien comprendre à ce christianisme japonais dont l’originalité est de prétendre à sa vie propre et à son indépendance et de repousser le concours pécuniaire et autre des étrangers.