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Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/46

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d’une anxiété profonde. Ils sentaient bien qu’il s’agissait là d’une mode, et qu’une mode peut être bientôt contrariée par une mode opposée. L’opinion se portait dans un sens ; rien n’indiquait qu’elle ne se porterait pas, d’un moment à l’autre, dans un sens contraire. Chez la plupart de ceux qui venaient à eux, non seulement les préoccupations n’avaient rien de religieux, mais encore elles n’avaient presque rien de moral. Tout était cérébral et intellectuel. Le Japonais était poussé par l’orgueil à en savoir, même en religion, autant que l’Occidental. Il n’y avait, chez beaucoup, rien de ce que les missionnaires demandent et attendent, rien de ce qu’ils appellent sentiment du péché, désir de repentance, besoin de réconciliation avec Dieu.

Or, il en était parfois ainsi chez les Japonais qui, par leur sérieux, leur donnaient le plus d’espérances. La religion n’était alors pour eux qu’un moyen pour obtenir une fin qui n’avait en elle-même rien de religieux. L’un des plus éminents par le rôle qu’il a joué et qu’il joue encore, M. Utchimura, confesse que, plusieurs années après sa « conversion », la vie terrestre était tout pour lui : « J’acceptais la foi nouvelle surtout par raison d’utilitarisme ; elle devait me procurer une heureuse vie de famille, la liberté politique, etc. Sa valeur intérieure, spirituelle, était pour moi d’intérêt secondaire. De rendre ma patrie aussi forte que l’Europe ou l’Amérique, c’était avant tout le but de ma vie ; et la foi nouvelle n’était, pour ainsi dire, qu’une puissante machine pour la réali-