Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’école d’Ôkouma et celle de Foukouzawa[1] partageaient ses vues… Mais il voulait à tout prix baser l’éducation sur la religion, tandis que les deux autres se contentaient d’un enseignement laïque. Pour lui, la religion ne consistait pas dans la récitation d’interminables prières ; la politique n’avait pas seulement pour objet de produire des citoyens qui aimassent le peuple et la patrie plus qu’eux-mêmes ; il ne voulait pas d’hommes instruits qui ne fussent que des littérateurs distingués. Son but était de former des hommes chez lesquels l’amour de la justice et de la vérité dominât tout. »

De plus, il était patriote ardent. Il avait vécu longtemps à l’étranger et il admirait ce qu’il y avait vu. Il avait et il garda toujours une profonde déférence pour ses collègues américains. Il était, personnellement, d’une humilité touchante. Mais, quand il s’agissait de son pays et de l’honneur de son pays, il était comme transfiguré. Il avait pris pour son activité cette devise : « Christ et la Patrie japonaise ! » Nîsima a contribué à développer dans les Églises protestantes de son pays le besoin d’indépendance que nous avons déjà noté et dont nous aurons à relever encore les effets. Il n’admettait pas que le christianisme de son pays dût se traîner à jamais dans l’ornière tracée par les autres peuples.

  1. Le comte Ôkouma avait fondé son école dite Sénmon Gakkô, à Waseda (Tôkyô) et M. Foukouzawa, la sienne, Kaiogi-juku, également à Tôkyô. L’une et l’autre ont rivalisé un instant avec l’Université impériale. Elles ont rang d’« Universités libres ».