Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/57

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l’attendait encore sur la terre natale. Les ministres qu’il avait aidés dans leur voyage lui ouvraient les postes les plus enviables. La politique s’offrait à lui avec toutes ses séductions. Il y avait des voix pour murmurer à son oreille que, dans une fonction élevée, il serait mieux armé pour réaliser ses ambitions intimes. Il écarta résolument toutes ces invites. Il s’était découvert un devoir, il ne voulait connaître que ce devoir. Il se servit de ses relations uniquement pour accomplir la tâche qu’il s’était assignée. Tanaka lui donna, sans hésiter, toutes les autorisations demandées. En novembre 187, la Dôchicha était fondée à Kyôto.

Nîsima avait, en créant cette école, une double préoccupation. D’abord il redoutait pour ses compatriotes une « suffisance pure livresque ». Il tenait à former de véritables consciences morales et religieuses plutôt que des intelligences farcies de savoir hâtif. Il avait appris en Amérique la valeur sociale des personnalités fortes. Il estimait qu’on n’aboutirait à rien de sérieux en prétendant élever au Japon une civilisation nouvelle avec les éléments extérieurs et intellectuels de la vie occidentale : « Ce serait, disait-il, bâtir un corps sans lui insuffler une âme. » Il voulait donc fonder un établissement qui se recommandât par la valeur de l’instruction donnée, mais il entendait que cette instruction palpitât d’un esprit chrétien. Ce n’était possible que dans un établissement libre. « Il voulait, dit M. Yamaji, délivrer l’enseignement des entraves officielles. Sur ce point,