CHAPITRE IV
Le Japon ne veut pas emprunter son « âme » à l’étranger. — Découverte de l’antichristianisme d’Occident. — L’affaire de l’exterritorialité. — Colères patriotiques. — Attentat contre le comte Ôkouma. — Réaction antichrétienne. — M. Inoué Tetsujirô. — Japon ou Christianisme. — Rescrit du 13 octobre 1890. — Morale nationaliste. — Révocations de professeurs. — Statistiques.
Cependant la réaction antichrétienne, qui était à
prévoir, ne tardait pas à se produire. C’est précisément
en 1890 qu’elle éclate. Le point de départ en
est dans le patriotisme. Le Japonais est alors obsédé
par une question : Est-il admissible que, pour se
transformer, pour devenir une puissance redoutable
aux autres, sa patrie ait besoin d’emprunter une
âme à l’étranger ? — Des connaissances matérielles,
oui, elle lui en empruntera ; mais sa vie spirituelle,
non. Elle se développera, elle grandira, mais
en sentant palpiter eu soi l’âme des ancêtres. D’ailleurs,
n’a-t-elle pas en elle-même, c’est-à-dire dans
cette âme des ancêtres, ce qui fait son originalité et
sa force ? En vingt-cinq ans, elle a franchi des
étapes qui, pour les autres nations, ont exigé des