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Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/64

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NÎSIMA ET LA DÔCHICHA

siècles. L’Occident, qui n’avait été capable de rien de pareil, a crié au miracle. Il a rendu hommage, par là même, aux magnifiques virtualités qui sommeillaient dans le peuple nippon. Il n’est pas nécessaire que la patrie japonaise abdique ce qui l’a faite réellement ce qu’elle est. Et, à certaines heures, le vieux chintoïsme reprend un regain de faveur.

Aussi bien, les Japonais instruits n’étaient-ils pas réduits à s’inspirer d’une religion presque mourante pour combattre celle de l’Occident. Dans l’Occident lui-même, ils constataient l’existence et l’action d’un antichristianisme souvent violent. Cet antichristianisme était importé lui-même dans l’Empire par beaucoup des professeurs que le gouvernement appelait dans ses écoles supérieures ou à l’Université de Tôkyô. Celle-ci était un vrai centre de propagande pour l’athéisme et le matérialisme, et surtout pour l’agnosticisme spencérien. Deux hommes, principalement, représentaient cet agnosticisme, M. Katô Hiroyuki et M. Toyama Sei-ichi, qui devaient devenir, l’un après l’autre, recteurs de l’Université et ministres de l’instruction publique. Le terrain avait été préparé par l’école de Foukouzawa qui avait vulgarisé les théories de Stuart Mill, de Spencer, de Bentham, de Hume. Bien avant l’explosion de la réaction antichrétienne, le scepticisme religieux était enseigné dans bien des chaires officielles[1].

  1. La réaction qui se dessinait ainsi ne visait pas seulement le christianisme. M. Yamaji Aizan, dans l’étude que j’ai déjà