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Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/69

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LE PROTESTANTISME AU JAPON

même, alors recteur de l’Université, se relâcha de son aversion pour les doctrines du christianisme et se montra presque sympathique. Inoué Kaoru, ministre des affaires étrangères, devint l’ami des chrétiens[1] ». Mais les choses n’allèrent pas aussi vite qu’on le voulait. Le Mexique renonça, en 1888, au privilège blessant. Les États-Unis, la Russie et l’Allemagne, avec qui les traités devaient être renouvelés en 1889, peu de temps après la promulgation de la nouvelle Constitution, n’admirent la suppression du privilège qu’à une condition : rétablissement de tribunaux mixtes comprenant une majorité de juges étrangers et auxquels seraient soumis les procès des étrangers. L’exaspération fut terrible, surtout dans la jeunesse des écoles. On accusa le cabinet de faiblesse et presque de trahison. Une bombe fut lancée contre le comte Ôkouma, successeur de M. Inoué au Ministère des affaires étrangères, qui avait signé les nouvelles conventions et qui eut la jambe emportée. Le criminel se tua sur-le-champ. On lui fit des funérailles solennelles. Cinq cents de ses amis remplissaient bénévolement l’office de pleureurs. Puis venaient quarante prêtres en robes d’apparat et cent élèves des écoles avec des bannières. Et ce cortège défilait entre les deux haies frémissantes que formait la multitude excitée[2].

Cette réaction contre les puissances dites chré-

  1. Nous avons vu les rapports amicaux de M. Inoué et de Nîsima.
  2. The Church at home and abroad, t. VII, mai 1890, p. 400.