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Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/70

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NÎSIMA ET LA DÔCHICHA

tiennes se doubla forcément d’une réaction contre le christianisme lui-même. Des missionnaires furent maltraités. L’un d’eux, le Dr Large, méthodiste canadien, fut même assassiné, à Tôkyô, au printemps de 1890. M. Summers, un Anglais, sans aucune attache avec une mission, et le Dr Imbrie, de la mission presbytérienne, furent blessés peu de temps après. Dans les localités où les agents des sociétés d’évangélisation étaient naguère accueillis avec des marques de bienveillance et d’intérêt, on murmurait sur leur passage, on les menaçait. En 1891, il y eut un moment de détente : on savait que les missionnaires protestants appuyaient de leur parole, auprès de leurs propres gouvernements, les réclamations des Japonais, et que les Anglais, par exemple, avaient envoyé à Londres un mémoire conseillant très nettement de renoncer à l’exterritorialité[1]. Mais la colère empêchait de distinguer entre les étrangers et leur religion. Des hommes politiques parlèrent de ramener la liberté de conscience à des limites « raisonnables » ; chacun devait bien avoir le droit de penser et de croire ce qu’il voulait ; mais ce n’était pas un motif pour qu’il pût en inviter d’autres à croire et à penser de même ; la liberté de conscience est absolue pour le for intérieur, mais elle n’implique pas la liberté de propagande. C’étaient là des propos de

  1. Allg. Missionszeitschrift, 1891, p. 244. Dans le même moment, d’autres Européens, sans rapports avec les missions, manifestaient, et quelquefois avec de regrettables intempérances de langage, contre l’idée de restreindre ce privilège.