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Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/72

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NÎSIMA ET LA DÔCHICHA

pressaient leurs élèves d’abandonner les écoles du dimanche. L’on attaquait surtout, dans les leçons ou dans la presse, la morale chrétienne ; et, chose curieuse, ce qu’on lui reprochait, c’était parfois ce qu’on avait le plus loué chez elle dans les années de sa faveur. On soulignait l’indépendance spirituelle qu’elle infusait à ses adeptes et qui faisait jadis, aux yeux de M. Foukouzawa et de ses amis, son prix le plus grand ; on lui reprochait de mettre en péril, par son enseignement de l’égalité de tous les hommes, le principe social le plus sacré, celui de la subordination et du loyalisme. Cette dénonciation violente de l’égalité — visiblement inspirée par le confucianisme — revenait sans cesse dans tous les écrits de polémique. Elle prétendait souligner ce qui fait le caractère « monstrueux » de la morale chrétienne, ce par quoi elle « ravale l’homme au-dessous des animaux » et n’est bonne qu’à préparer la pire des anarchies. Sus donc à une doctrine qui n’est capable que de consommer la ruine de la patrie.

Dans l’enseignement supérieur, les mêmes conseils se distribuaient avec un grand étalage de critique passionnée et même de métaphysique. Un professeur de l’Université impériale de Tokyo, le Dr Inoué Tetsujirô, qui avait été pendant quelque temps professeur de langues orientales à Berlin, s’était donné la spécialité de glisser périodiquement dans ses leçons une diatribe sur l’antagonisme entre l’Évangile et le patriotisme. En 1894, il condensa ses thèses favorites dans une brochure à sensation, L’Antinomie entre la