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Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/73

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LE PROTESTANTISME AU JAPON

religion chrétienne et l’éducation. La morale japonaise, disait-il en somme, repose sur la triple idée de patriotisme, de loyauté envers l’empereur et de piété filiale. Le christianisme ne tient aucun compte de la patrie ; il met Dieu au-dessus de l’empereur ; il enseigne qu’il faut parfois faire passer d’autres devoirs avant le respect des parents : il importe donc de le bannir de l’éducation. Et, parlant avec l’autorité d’un homme qui a visité l’Europe, M. Inoué ajoutait :

Le christianisme n’exerce aucune influence véritable dans les soi-disant pays chrétiens. Les femmes et les enfants se rattachent encore aux Églises ; les hommes, au contraire, ne fréquentent pas les cultes, à l’exception de quelques tailleurs, boulangers et gens de cet acabit. Les personnes de culture scientifique ou philosophique méprisent toute croyance religieuse. S’il se trouve encore en Allemagne quelque pauvre étudiant pour suivre des cours théologiques, la raison est qu’il veut par là se créer un gagne-pain, et c’est en vue de ces malheureux que l’on conserve des chaires de théologie dans les grandes Universités. Ces chaires sont occupées par de grands savants, mais qui sont loin d’être aussi de grands chrétiens. Ce sont plutôt des hébraïsants, des égyptologues, etc. Dans le cours de l’histoire, on voit coïncider le triomphe du christianisme avec la décadence de la prospérité nationale ; plus les nations se détournent de la doctrine de Jésus-Christ, plus se développent leurs ressources matérielles[1].

  1. Cité par Yersin, Courrier missionnaire, t. II, 1902, p. 122, d’après la Zeitschrift für Missionskunde und Religionswissenschaft. Cf. ce qu’en dit M. Yamaji, Mélanges japonais, n° 14, pp. 187-189.