Page:Allumez vos lampes, s'il vous plaît, 1921.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 13 —

l’arithmétique et la comptabilité. Qu’est-ce qu’un cours commercial alors ? Quant aux pensionnats commerciaux, en quoi la refonte du programme les atteint-elle, puisque ce sont des institutions indépendantes.

On rend ces derniers responsables de la désertion des campagnes. Chimère ! Il afflue à Montréal autant de gens de Ste-Clothilde de la Rivière Noire, qui n’a pas de collège commercial, que de Saint-Rémi, qui en a un ; avec cette différence que les uns y tiennent les pelles si les autres y « tiennent les livres »… Je me demande, en plus, ce que les collèges commerciaux viennent faire dans une discussion où l’on ferraille contre l’introduction de l’anglais en 2e année… et aux examens de 6e année.

Pauvres frères qui songez à faire subir un examen d’anglais en 6e année alors qu’on vous concède quatre années pour l’enseigner ! Vous n’êtes pas raisonnables ! J’avais toujours entendu dire que vous n’enseigniez pas assez d’anglais… Vous êtes des anglomanes, et si l’on ne vous demande pas de « disparaître de l’enseignement, » soyez encore bien reconnaissants.

Passons à l’erreur pédagogique : « l’orientation du programme élémentaire vers l’académie commerciale ». « On veut rendre l’école élémentaire plus anglaise afin de faciliter la tâche aux académies commerciales. » D’abord, l’école élémentaire n’est pas orientée vers l’école commerciale. On y enseigne à peine à faire un « reçu » ; ce qui serait utile même aux avocats et aux curés. Ensuite, qui songe à faciliter la tâche aux académies commerciales dans les milliers d’écoles modèles où le cours se termine en 6e année ? Qui pense à saturer d’anglais les milliers d’écoles modèles où l’on trouve à peine, dans chacune d’elles, un homme sachant bien l’anglais ? Don Quichotte, tu n’es qu’un mythe ! Et même si l’on enseignait présentement la comptabilité en anglais dans les classes de 7e et 8e années, quel mal y aurait-il, puisque Mgr Ross lui-même concède qu’au nouveau cours complémentaire, on pourra enseigner « tout l’anglais qu’on voudra » ?

Et tout cela, parce que les Frères veulent enseigner l’anglais intuitivement en 2e année, et poser des questions d’examen sur la langue anglaise en 6e année…

Je pense que s’il y avait à Québec, dans les sous-comités du Conseil de l’Instruction publique, trois « bons frères » pour s’occuper des programmes primaires au lieu de quelques vieux novices en pédagogie spéculative il ne serait pas question en 1920 de refonte de programme ; la chose aurait été faite en 1880.