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On peut lire encore dans un ouvrage de pédagogie écrit par le chanoine O. Barès, de Toulouse :

« Le Directoire Scolaire, page 325 : Goethe a pu dire : Celui qui ne connaît pas les langues étrangères, ne sait rien de sa langue maternelle. Dans notre propre langue, à laquelle nous sommes trop accoutumés, que de détails passent inaperçus ; que de mots restent vagues, indéterminés, pour qui n’est pas obligé de les préciser, de les transposer dans une autre langue et de leur trouver des équivalents. Le sens de beaucoup d’expressions ne devient net, qu’en le comparant avec des expressions tirées d’autres langues et l’on acquiert ainsi plus de précision et de clarté dans les pensées. »

Dans le compte rendu du Congrès de la langue française au Canada, nous lisons, page 604, le vœu suivant :

« Attendu que l’enseignement bilingue, quand il est sagement organisé et distribué avec dévouement, produit les plus heureux résultats ; que le français et l’anglais sont les deux langues officielles de notre pays ; que la connaissance de ces deux langues constitue une réelle supériorité et deviendra de plus en plus utile et nécessaire dans notre patrie, le Premier Congrès de la langue française au Canada émet le vœu : 1o. que l’enseignement bilingue soit partout considéré comme un élément de supériorité dans notre système d’instruction, et que, dans tous les endroits où il y aura lieu, on s’applique à l’étendre et à le faire progresser ; 2o. que dans notre étude de l’anglais nous nous efforcions d’acquérir généralement une plus parfaite prononciation ; 3o que la langue française devienne en honneur dans tout le Dominion comme l’est déjà l’anglais dans la province de Québec ; 4o que, tout en cultivant la langue qui lui est étrangère, chacun fasse une étude plus approfondie et garde toujours l’amour, et le culte privilégié de sa langue maternelle. »

Remarquons que ce ne sont pas les professeurs laïques de Montréal ni les « Frères enseignants » qui ont suggéré ce vœu, car il paraît que les primaires ont été généralement ignorés au premier congrès de la langue française. Ils n’en ont pas gardé rancune : après comme avant ces assises nationales où ils n’ont pu dire leur mot, les éducateurs de nos académies commerciales se sont appliqués plus que tout autre peut-être, à donner un sens pratique à ce vœu si opportun.

De son côté Mgr L.-A. Pâquet, l’éminent philosophe canadien-français, nous dit : (Études et Appréciations, page 81) :

« C’est une chose reconnue qu’il y a, dans chacun de nos groupes ethniques, en même temps que des défauts plus ou moins accentués, des qualités et des aptitudes spéciales. Et ces qualités, en s’alliant les unes aux autres, ou en se juxtaposant, s’épurent et se fortifient. L’idéalisme français, par son contact avec le positivisme anglais, perd de ses excès et de sa fougue. Et le tempérament trop froid et trop utilitaire de nos concitoyens anglo-saxons ne peut que bénéficier de ses rapports avec une race éprise d’art et de principes.

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