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auteur d’un article publié dans l’Action française ” en novembre dernier. Dans cet écrit, nous trouvons des inexactitudes qui doivent être plutôt attribuées à une confiance exagérée, en ce que le père lui-même appelle “ une prééminence incontestable ”. L’auteur se permet donc ces négligences dédaigneuses parce qu’il est persuadé que les adversaires qui le liront ne sont, comme il dit encore, que des “ ignorants ” non au sens péjoratif du mot mais voulant signifier l’absence de connaissance sur la question.”[1] Mais l’erreur existe ; quelle qu’en soit la cause, nous devons la signaler et la corriger.

D’après le père, “ qu’on se serve de la langue maternelle pour apprendre la langue seconde, rien de plus rationnel, mais à condition qu’on sache d’abord la langue maternelle.” Assurément, pour se servir d’une langue, il faut la savoir. Mais, quand saura-t-on suffisamment la langue maternelle pour s’en servir comme moyen d’étude de la langue seconde ? “ Après l’avoir maîtrisée ”, affirme le père Hudon ; et il annonce des exemples concluants, parait-il.

Écoutons : “ En Provence, le fameux frère Firmin commença par exclure la langue seconde et il n’enseigna d’abord que la langue maternelle. Ce n’est qu’après avoir maîtrisé la langue maternelle que les petits Provençaux abordèrent l’étude de la langue seconde ”.

D’abord, quel est ce frère Firmin dont parle le père Hudon ? C’est l’instituteur renommé Joseph Lhermite, en religion Frère Savinien (et non Firmin) des Frères des Écoles Chrétiennes, “ un félibre de la grande génération représentée naguère par Mistral ”. Il est l’inventeur du savinianisme, méthode pédagogique qui consiste à utiliser le dialecte local que parle l’enfant du peuple, pour lui enseigner la langue littéraire officielle ”. (Larousse.)

Il est étrange que le révérend Père, dans cet exemple, commence par se tromper sur le nom du personnage. Il devrait pourtant lui être fort connu, vu qu’il l’appelle “ fameux ”. Mais la mémoire a de ces oublis ! Pour ne pas dérouter les chercheurs n’oubliez donc plus, mon révérend Père, d’écrire désormais Frère Savinien au lieu de Frère Firmin.

“ L’essentiel de la méthode savinienne consiste dans l’enseignement SIMULTANÉ et COMPARÉ du provençal et du français à l’école primaire ”. “ Les différents cours comprennent des textes gradés toujours en partie double ”. (Études, 5 novembre 1920.) mettant ainsi l’enseignement des deux langues Sur un pied d’égalité. “ Elle constitue un système complet qui suit l’enfant dans TOUTES SES CLASSES. ” (Revue hebdomadaire, 9 décembre 1911). Après ces renseignements, pourriez-vous affirmer, mon révérend Père, que le frère Savinien commença par EXCLURE la langue seconde, qu’il N’ENSEIGNA D’ABORD que la langue maternelle et que les petits Provençaux

  1. Cf. L’Action Catholique, 7 déc. 1920.