n’abordèrent, l’étude de la langue seconde QU’APRES AVOIR MAITRISÉ la langue maternelle ? Évidemment non, pour qui sait lire. Mais le bon Père Hudon n’avait pas encore reçu “ Les Études, ” du 5 novembre dernier et comme il l’avoue ingénument, il “ n’avait plus sous la main ” la “ Revue hebdomadaire ” (du 9 décembre 1911.)
Le savinianisme est donc une méthode bilingue. Comment se fait-il alors que le Père Hudon pénétrant en Sorbonne, au bras de Michel Bréal, n’entende pas les déclarations favorables à l’enseignement du français par la méthode savinienne bilingue ?
“ M. Michel Bréal exposait avec sa grande autorité devant, l’Université les avantages de la méthode bilingue ”. (Revue hebdomadaire, 9 décembre 1911.) “ Les approbations éclatèrent en Provence, dans les universités, à la Sorbonne même ”. (Études, 5 novembre 1920.) Le désir d’entendre un aveu favorable à une cause ne doit pas rendre sourd au point de laisser de côté les témoignages contraires.
Cette méthode fit fortune. Nous savons comme le P. Hudon, qu’elle fut appliquée en Bretagne et au pays de Galles. Nous savons même qu’elle le fut par le frère Constantin pour le breton, par le frère Maxwell pour le gaélique, et que le frère Madir fit l’adaptation de la méthode savinienne au flamand. Cette méthode n’est pas telle que l’entend le Père Hudon, car, répétons-le, elle mène de front la langue seconde. Oui, Père, “ soyons francs ” et n’affirmez plus que “ dans aucun pays du monde, on n’a encore proposé de mettre sur un pied d’égalité la langue maternelle et une langue seconde. ” Réellement, Père, je crois que vous avez fort mal compris la méthode savinienne.
C’est une autre erreur de dire qu’en Provence, avant le savinianisme, on enseignait la langue seconde par la méthode directe. Il y avait en Provence proscription absolue de la langue maternelle dans les écoles. Mais il ne suffit pas d’enseigner ainsi en excluant la langue maternelle pour constituer la méthode directe. Cette méthode comporte des procédés intuitifs combinés dans un ordre systématique. Or, les instituteurs envoyés en Provence par le gouvernement considéraient la langue seconde (le français) comme la langue maternelle des petits Provençaux et ne se souciaient pas d’une méthode pour enseigner cette langue. Qu’un tel enseignement, que vous appelez à tort méthode directe, ait fait fausse route, ce n’est pas surprenant. Il en eut été autrement avec la vraie méthode directe. Vous n’auriez donc pas dû laisser croire, mon Père, que l’enseignement donné en Provence avant le savinianisme était la méthode directe dont on dit tant de bien partout.
Contrairement à l’affirmation du Père Hudon, le frère Savinien ne fut pas le premier à choisir une autre voie que celle généralement suivie dans les écoles de Provence. M. l’abbé Aurouze, dans sa “ Pédagogie régiona-