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ils n’iraient pas chercher dans les établissements d’éducation des moyens de subsistance. Heureusement nous pouvons espérer maintenant que notre jeunesse recevra la protection du gouvernement pour exploiter les terres si riches qui n’attendent, que des bras pour fournir au pays les récoltes dont il a besoin.

C’est la difficulté à se procurer des terres neuves qu’il faut d’abord tenir responsable de la désertion des campagnes.

2. Une autre cause du dépeuplement des campagnes doit être attribuée aux communications trop faciles avec les villes. Les compagnies de chemin de fer organisent des excursions à la campagne ; la jeunesse des villes va exhiber ses toilettes devant les fils de cultivateurs qui sont éblouis. Ces jeunes gens habitués à la vie simple et tranquille de la campagne, entendent parler des amusements de la ville, de la facilité avec laquelle on y gagne sa vie ; de la jouissance que l’on a d’avoir toujours de la monnaie de poche. Les choses leurs sont montrées sous un faux jour, et ils ont la naïveté de croire qu’à la ville tout est beau, facile, brillant. Ils ne songent pas qu’il faut penser au lendemain, aux économies à faire, à la vie sérieuse qu’il faut préparer. Ils se demandent, ces braves jeunes gens, pourquoi ils doivent se lever de si grand matin, travailler fort toute la journée et tard le soir, se vêtir grossièrement, bien que chaudement ; alors ils prennent la terre en dégoût et veulent aller en ville pour avoir leur part de plaisir et de vie facile. Quand ils ouvrent les yeux à la réalité, il est généralement trop tard pour retourner sur la terre, et ils végètent, quand ils ne deviennent pas dangereux.

Ces déracinés n’ont pas passé par les académies commerciales, et ils ont pourtant quitté la terre. Je parie qu’ils sont plus nombreux que les autres, et cependant on n’en parle pas.

3. Une autre cause, qui ressemble un peu à la précédente, c’est que, l’été, beaucoup de familles s’en vont à la campagne. Ces gens s’amusent, pendant que les fils de cultivateur travaillent dans les champs. Quand les garçons de ferme voient ces jeunes gens de la ville faire la pêche ou la chasse à cœur de journée, ils se disent que ces gens là sont bien heureux et qu’eux sont bien sots de s’esquinter à la charrue ou sur les râteaux, alors qu’ils pourraient eux aussi travailler en ville, gagner de l’argent et venir à leur tour faire la belle jambe en villégiature à la campagne.

Ceux-là n’ont pas non plus passé par les académies commerciales ; et ils sont plus nombreux qu’on ne pense, ceux qui sont entraînés ainsi à laisser la proie pour l’ombre.

4. Il est encore une cause de désertion des campagnes ici et les parents sont responsables. Combien de fois n’entendez-vous pas une mère de famille qui, en présentant son fils au collège ou à l’académie, vous dira : Il faut qu’il s’instruise, afin de gagner sa vie à la ville ; s’il ne veut pas faire