un prêtre, il fera un homme de profession ; il n’est pas plus bête qu’un autre, et il pourra faire un monsieur comme le fils d’un tel ou d’un tel. Elle ajoutera souvent, cette pauvre femme qui ne sait pas apprécier la vie paisible du cultivateur : Je ne veux pas que mes enfants aient la misère que nous avons ; notre vie est trop dure, et nous en avons assez de ce travail qui ne finit jamais, de cette vie qui ne nous donne aucun plaisir ; au moins nos enfants n’y goûteront pas : ils gagneront leur vie avec leur instruction.
5. Je crois sincèrement que tous les pensionnats, quels que soient leur nature et leurs programmes, sont aussi une cause de la désertion des campagnes, bien que le nombre des fils de cultivateur qui en suivent les cours, dans les classes supérieures, soit relativement très petit. L’enfant que l’on veut garder sur la ferme ne devrait pas s’en éloigner pour longtemps. Dans l’école du rang ou dans l’externat du village, il continue matin et soir à faire un travail proportionné à son âge ; il conserve le goût de la terre et développe normalement ses forces musculaires par un exercice régulier et constant. Mais si l’enfant, est placé dans un pensionnat, il ne peut plus entretenir et augmenter sa vigueur par l’exercice quotidien, et il perd le goût du travail manuel. Après quelques années de ce régime, il ne voudra plus et même ne pourra plus retourner à la terre qui ne lui dira plus rien. Il aura perdu ses forces avec le goût du travail manuel ; il aura pris une autre mentalité : l’expérience est là pour démontrer la vérité de ce que j’avance.
Le gouvernement fédéral avait décidé de placer sur des terres les soldats revenus du front. Quels furent les résultats de cette utopie ? un fiasco complet. On n’improvise pas un agriculteur ; le travail de la ferme demande un entraînement spécial, et il faut avoir été élevé sur la terre et y avoir travaillé à peu près toujours pour pouvoir résister aux fatigues de la culture.
L’aberration d’un rédacteur du Financial Post, de Toronto, qui ne voit pas d’autre moyen de parer à la crise du logement, à la crise des prix de l’alimentation, que de jeter à la terre les inutiles et les naufragés des villes, n’est pas moins grande. Comment voulez-vous que « ces hâves prolétaires attachés à l’asphalte, » aient le courage de se mettre au travail de la ferme, même « pour retourner à l’air pur des bons champs canadiens ? » Encore une fois, on ne s’improvise pas cultivateur du jour au lendemain.
Les Américains ont tenté de remplacer les jeunes fermiers qui s’étaient enrôlés dans l’armée pour protéger les petites nationalités et sauver la démocratie, par les étudiants des « High Schools. » Qu’est-il arrivé ? Ces jeunes gens, n’ayant pas la pratique du métier, ni l’endurance nécessaire pour faire le travail exigé, ont dû lâcher prise après quelques jours d’essai.