ne se fait pas sentir, on commencera très tard à enseigner cette langue, si toutefois on commence ; dans les milieux essentiellement bilingues, on commencera probablement vers la première ou la deuxième année, comme par le passé, et tout sera dit ; car les uns discourent et les autres agissent.
Les idées émises par le distingué Principal de Rimouski ont rencontré nombre d’ardents contradicteurs. Les uns, se disant sans doute : « Amicus Plato, sed magis amica veritas, » ont prétendu que plusieurs des allégations de l’auteur n’étaient pas conformes aux faits.[1] Les autres ont soutenu que l’anglais ne devait pas, étant donné les circonstances particulières où nous nous trouvons, être retardé jusqu’au cours moyen ;[2] d’autres encore ont montré que de fait l’étude de l’anglais ne commençait pas avant ce cours.[3] Enfin, certains ont paru particulièrement frappés du fait que parmi ceux que l’agriculture transporte d’un nouvel enthousiasme, on ne soufflait mot du dépeuplement des campagnes par les collèges classiques d’abord, par les cours commerciaux de ces collèges classiques ensuite.[4] Ils ont même mis en doute la loyauté des meneurs de la campagne.
Des chiffres ont été donnés qui ont fortement ébranlé la légende de ce même dépeuplement par les collèges commerciaux. Nous avons vu quelle figure d’énormes drains faisaient, sous ce rapport, les collèges classiques de Nicolet et des Trois-Rivières, comparés au collège de Victoria-ville et à l’Académie de la Salle. Une surprise semblable nous serait réservée, disait-on, par la comparaison des autres collèges classiques avec le collège, commercial le plus voisin.[5] Quelqu’un proposait aux autorités de faire une enquête pour savoir qui, des collèges classiques ou des collèges commerciaux, exerçaient la succion la plus forte.
Pour donner suite à cette idée, nous avons voulu instituer une petite enquête dans les écoles tenues par les religieux, afin de constater, chiffres en main, jusqu’à quel point ces collèges étaient des agents de dépopulation pour nos campagnes. Notre enquête n’a pas porté sur les écoles paroissiales des villes, car ces maisons ne sont pas alimentées par les fils de cultivateurs ; mais elle comprend les écoles de campagnes et les pensionnats ; ces écoles pouvant contenir des déracinés du sol. Nous n’avons compté dans ces maisons que les élèves appartenant à la sixième, la septième, la huitième année, ou à des années supérieures à celles-là, seules ces années formant le cours commercial proprement dit. Jusque là, l’enseignement est nullement spécialisé, mais tend à donner une culture générale. Nous pourrions