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Les collèges commerciaux dont on se plaint ne sont donc pas l’unique cause de la désertion de la terre. D’ailleurs, ces collèges sont généralement établis dans les gros villages, et reçoivent comme élèves, non pas tant des fils de cultivateur, mais des fils de marchand, d’ouvrier, de journalier, qui ne songent pas à se faire agriculteurs, mais veulent gagner leur vie avec leur instruction. Des statistiques ont établi que dans les classes de commerce proprement dites il n’y a pas 5% de fils de cultivateurs ; faudrait-il alors, en faveur de cette infime minorité, refuser aux 95% des élèves ce qu’ils viennent chercher dans ces écoles ? Si ces académies commerciales n’existaient pas, ces jeunes gens iraient en ville pour y trouver l’instruction qu’ils cherchent, et alors, comme bien d’autres, ils entreraient dans ces « Business Collèges, » où on prépare en six mois, à des diplômes de commerce. Ils seraient privés d’un complément d’instruction qu’ils trouvent, dans ces académies commerciales, qui ne sont pas aussi commerciales qu’on a l’air de le croire. Dans la plupart de ces maisons, les classes de 7e et de 8e suivent le programme de l’Instruction publique. Dans les maisons où il y a une 9e année, le programme de cette classe est assez spécial et peut prêter à la critique, mais comme il y a, dans cette classe, peu de fils de cultivateurs, je ne comprends pas comment on peut accuser les académies commerciales, plus que les collèges classiques et les autres écoles d’enseignement supérieur, de déraciner les fils de fermiers pour en faire des messieurs de la ville.

Montréalais.

L’ENQUÊTE DE L’ASSOCIATION DE LA SALLE SUR LE DÉPEUPLEMENT DES CAMPAGNES.


Si la terre nourricière perd ses fils, messieurs, cherchez-en la cause ailleurs que dans les collèges commerciaux.


Les articles publiés par Mgr  Ross à la veille de la réunion du Conseil de l’Instruction publique, et dans le but évident d’influencer le vote des honorables membres, ont déjà fait couler beaucoup d’encre. N’était le désir de renvoyer à la face des insulteurs les injures gratuites qu’on a prodiguées à des maîtres vénérés, les élèves et amis de l’enseignement primaire n’auraient probablement pas pris la plume, car les conséquences pratiques, les conséquences pour l’enseignement, de ce débat seront assez minces. En effet, le nouveau programme, comme l’ancien, sera interprété par chaque maître selon les besoins locaux : dans les centres où le besoin de l’anglais