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Semez les idées fausses parmi le peuple, et fatalement comme pour le mensonge il en restera quelque chose. En l’occurence, ce « quelque chose » paraît avoir pris corps dans les six articles de Mgr Ross, le Mémoire de « L’Action Française, » la bamboula de M. Asselin et les acquiescements de leurs approbateurs quand même.

La plupart des erreurs répandues à profusion dans cette littérature, ont été victorieusement réfutées par les diverses répliques de MM. A. Monet, M. P. P., J.-Ed. Mignault, J.-Hector Hamel, Art. Drolet, Pierre Mathieu et Joseph Breton.

Nous allons à notre tour, sur l’invitation de M. Henri Myrand, président de l’ « Association de La Salle » montrer ce que nous croyons être la genèse de la querelle d’Allemand que l’on fait à nos instituteurs primaires depuis quelque temps.

Ouvrons « L’Action Française » (1919) page 350. Le Rév. Père remarque d’abord qu’on veut améliorer. « C’est déjà signe,  » dit-il, qu’on avance. Mais pour aller droit au but qui est de faire de « purs » Canadiens français, il y a un obstacle à surmonter : « Un grand nombre d’éducateurs, surtout dans les collèges commerciaux, ont résolument sacrifié, par inconscience ou parti pris, une part considérable de la tradition française. »

« La question n’est pas de savoir si, de nos jours, il faut mieux savoir les mathématiques, l’anglais ou la tenue des livres »… « Les Français, un moment hésitants, reviennent avec une ferveur de convertis sur les erreurs qui les avaient d’abord égarés. »

Et le bon Père termine son plaidoyer « pro domo » en signalant de nouveau la faiblesse, pour le français, des jeunes gens des classes commerciales, et en adjurant les éducateurs de n’avoir plus « cet empressement maladif à spécialiser dans le commerce tous les enfants, même les fils de cultivateurs. »

On le voit, il ne manque guère que « la poussée bovine, » de M. Asselin pour que le thème soit au complet.


— II —


Analysons, maintenant, les plus gros « bouquets. »

« Le but devrait être de faire de nous les Canadiens français les plus accomplis qu’on puisse imaginer, mais pas autre chose que des Canadiens français »… (page 350)

Le type se précise quatre pages plus loin. « Nous serons des français du Canada… à deux mille lieues de la France et parmi cent millions d’Anglo-Saxons. Certains détails de notre caractère en seront fatalement altérés : nous perdrons d’un côté, nous gagnerons de l’autre. » (page 354).