Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
L’AVIATEUR INCONNU

villa, Jean-Louis Vernal qui paraissait attendre d’être remarqué.

— Mais c’est lui ! s’exclama-t-elle, en lui faisant signe d’entrer.

Jean-Louis, visiblement, hésitait : Flossie s’en étonna :

— Quelle drôle d’idée de monter ainsi la garde au lieu de sonner tout bonnement.

— Il ne faut pas oublier, expliqua Elvire, que Jean-Louis, bien que nos relations avec lui n’aient pas été rompues, ne se sent pas très à son aise chez nous. Aussi se borne-t-il à une courte visite de temps en temps, le soir, à l’heure familiale… Veux-tu que nous descendions ? Il doit avoir quelque chose à me dire !

— Allons ! acquiesça Flossie.

Une minute après, toutes deux rejoignaient le peintre et s’éloignaient avec lui d’un pas de promenade.

— Alors, une nouvelle démonstration s’est produite ? commença Jean-Louis : il n’est question que de para­chutes, de missives cachetées… que sais-je ! On ne parle que de cela !

En quelques phrases, Elvire le mit au courant, puis Flossie, légèrement agacée par le calme du jeune homme, hasarda cette observation.

— Un fait pareil équivaut, à votre égard, à une véritable déclaration de guerre, à mon avis. De deux choses l’une : ou bien l’aviateur ignore — et c’est très probable — que le cœur d’Elvire n’est pas libre, et, dans ce cas, il convient de tout mettre en œuvre pour le lui apprendre. Ou bien il le sait… et j’estime qu’il vous provoque !

— Soit, mais il ne risque guère, répondit Jean-Louis. Comment voulez-vous que je lui en demande raison ?

— Ah ! je ne sais, dit l’Anglaise, mais enfin vous ne comptez pas supporter indéfiniment ses bravades !

— Reconnaissez que la partie n’est pas égale… Je n’ai même pas la ressource de lui lancer un défi, de lui crier ce que je pense de son manège… Il ne m’entendrait pas, voyons !

Flossie parut indignée de le voir si calme, si philosophe. Elle insista, espérant le piquer au jeu :

— Oui, vous avez raison, la partie n’est pas égale… D’un côté un aviateur entreprenant, courageux, à qui le communiqué de M. Bergemont aux journaux n’a fait que donner un peu plus d’audace…