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L’AVIATEUR INCONNU

que j’ai eu le malheur d’intéresser un aviateur et que, deux et trois fois chaque semaine, l’avion qu’il conduit tourne autour de ma maison et s’arrange pour laisser, dans ses environs immédiats, de brûlantes missives dont je suis, en toutes lettres, la destinataire. Je n’ai pas besoin de vous dire que cette tyrannie m’est odieuse, que je donnerais beaucoup pour en être délivrée. Or vous êtes, monsieur, officier aviateur… Vous est-il possible de me donner un espoir de libération ?

En parlant ainsi, elle le regardait bien en face. Mais elle ne put rien lire sur la physionomie de l’officier, hormis un étonnement sincère.

— Voilà qui est tout à fait curieux, fit-il, et ses yeux détaillaient bien plus le visage de Flossie que celui d’Elvire ; un aviateur … Mais montant quelle sorte d’avion ?

— Ah ! vous nous en demandez trop ! dit Flossie, qu’Elvire s’empressa de nommer :

— Miss Flossie Standhill, ma tante !

— Capitaine Henri de Jarcé, chef d’escadrille attaché au ministère de la Guerre, déclina-t-il à son tour. Il serait précieux de savoir justement si ce visiteur falot est un aviateur civil, propriétaire d’un appareil et naviguant à sa guise, ou bien s’il est militaire, ce qui me semble improbable.

— N’y a-t-il pas, interrogea Flossie, un camp d’aviation près de Pourville.

— Si fait, le camp de Buchy, créé tout récemment. C’est là que je suis en mission d’inspection…

— Et vous n’avez jamais entendu parler… prononça Elvire.

— Je peux vous certifier que, parmi les aviateurs que j’ai sous mes ordres, aucun ne se permettrait pareille fan­taisie ; l’usage des avions est sévèrement contrôlé, chez nous… Non, non, plus j’y réfléchis, plus j’ai tendance à croire que vos investigations doivent s’orienter vers les aviateurs amateurs… Et je ne saurais dissimuler que la recherche est des plus ardues !

— Pourquoi ? interrogea Flossie.

— Parce que, miss Standhill, il en est de l’avion comme de l’auto. Un propriétaire est libre de s’élever de chez lui et d’y atterrir, pourvu que son jardin ou son parc soit assez