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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

de cet arbre, de la famille des Guttifères, dont le fruit est considéré comme un des meilleurs qui existent. Il exige un climat très chaud, car Roxburgh n’a pas pu l’obtenir au delà du 23° 1/2 degré de latitude dans l’Inde[1] et transporté à la Jamaïque, il n’a donné que des fruits médiocres.[2]. On le cultive dans les îles de la Sonde, la péninsule malaise et à Ceylan.

L’espèce est certainement spontanée dans les forêts des îles de la Sonde[3] et de la péninsule malaise[4]. Parmi les plantes cultivées, c’est une des plus locales, soit pour l’habitation originelle, soit dans la culture. Il est vrai qu’elle appartient à l’une de ces familles où l’aire moyenne des espèces est le plus restreinte.

Abricotier d’Amérique. — Mammea americana, Jacquin.

De la famille des Guttifères, comme le Mangostan, cet arbre exige aussi beaucoup de chaleur. Les Anglais l’appellent Mamey ou Mammee, Quoique fort cultivé dans les Antilles et dans les parties les plus chaudes du Venezuela[5], on ne l’a guère transporté ou il n’a pas réussi en Asie et en Afrique, si l’on en juge par le silence de la plupart des auteurs.

Il est certainement indigène dans les forêts de la plupart des Antilles[6]. Jacquin l’indique aussi sur le continent voisin, mais je n’en vois pas de confirmation chez les auteurs modernes. La meilleure figure publiée est celle de la Flore des Antilles de Tussac, 3, pl. 7, à l’occasion de laquelle l’auteur donne beaucoup de détails sur l’emploi du fruit.

Gombo. — Hibiscus esculentus, Linné.

Les fruits, encore jeunes, de cette Malvacée annuelle sont un des légumes les plus délicats des pays tropicaux. La Flore des Antilles de Tussac contient une belle planche de l’espèce et donne tous les détails qu’un gourmet peut désirer sur la manière de préparer le caloulou, si cher aux créoles des îles françaises.

Lorsque j’ai essayé autrefois[7] de comprendre d’où vient cette plante, cultivée dans l’ancien et le nouveau monde, l’absence de tout nom sanscrit et le fait que les premiers auteurs sur la flore indienne ne l’avaient pas vue spontanée m’avaient fait écarter l’hypothèse d’une origine asiatique. Cependant la flore moderne

  1. Royle, Ill. Himalaya, p. 133, et Roxburgh, Flora indica, 2, p. 6l8.
  2. Mac-Fadyen, Flora of Jamaïca, p. 134.
  3. Rumphius, Amboin., 1, p. 133 ; Miquel, Plantæ Junghun., 1, p. 290 ; Flora indo-batava, 1, part. 2, p. 506.
  4. Hooker, Fl. of british India, 1 p. 260.
  5. Ernst, dans Seemann, Journal of botany, 1867, p. 273 ; Triana et Planchon, Prodr. fl. Novo-Granat., p. 285.
  6. Sloane, Jamaica, 1. p. 123 : Jacquin, Amer., p. 268 ; Grisebach, Fl. of brit. W. India, p. 118.
  7. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 768.