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JUJUBIER DE l’INDE

connues indique une très ancienne culture. Celle-ci s’étend aujourd’hui de la Chine méridionale, de l’archipel indien et de Queensland en Australie, par l’Arabie et l’Égypte, jusqu’au Maroc et même au Sénégal, en Guinée et dans l’Angola[1]. Elle se voit également à l’île Maurice, mais il ne paraît pas qu’on l’ait introduite jusqu’à présent en Amérique, si ce n’est au Brésil, d’après un échantillon de mon herbier[2]. Le fruit est préférable à la jujube ordinaire, d’après ce que disent les auteurs.

Quelle était l’habitation de l’espèce avant toute culture ? Ce n’est pas aisé à savoir, parce que les noyaux se sèment facilement et naturalisent la plante hors des jardins[3].

Si nous nous laissons guider par la fréquence à l’état sauvage, il semble que le pays des Burmans et l’Inde anglaise seraient la patrie ancienne. Je possède dans mon herbier plusieurs échantillons recueillis par Wallich dans le royaume burman, et Kurz l’a vue fréquemment dans les forêts sèches de ce pays, autour d’Ava et de Prome[4]. Beddone admet l’espèce comme spontanée dans les forêts de l’Inde anglaise, mais Brandis l’a trouvée seulement dans des localités de ce genre où il y avait eu des établissements d’indigènes[5]. Avant ces auteurs, dans le XVIIe siècle, Rheede[6] décrivait cet arbre comme spontané au Malabar, et les botanistes du XVIe siècle l’avaient reçu du Bengale.

À l’appui de cette origine indienne, il faut mentionner l’existance de trois noms sanscrits et de onze autres noms dans les langues indiennes modernes[7].

L’introduction à Amboine, dans la partie orientale de l’Archipel, était récente lorsque Rumphius y séjournait[8], et il dit lui-même que l’espèce est indienne. Peut-être était-elle anciennement à Sumatra et dans d’autres îles rapprochées de la péninsule malaise. Les anciens auteurs chinois n’en ont pas parlé ; du moins Bretschneider ne l’a pas connu. L’extension et les naturalisations au midi et à l’est du continent indien paraissent donc peu anciennes.

En Arabie et en Égypte, l’introduction doit être encore plus récente. Non seulement on ne connaît aucun nom ancien, mais Forskal, il y a cent ans, et Delile, au commencement du siècle actuel, n’ont pas vu l’espèce, dont Schweinfurth a parlé récemment comme cultivée. Elle doit s’être répandue d’Asie à Zan-

  1. Sir J. Hooker, Flora of brit. India, 1, p. 632 ; Brandis, Forest flora of India, l, p. 87 ; Bentham, Fl. austral., 1, p. 412 ; Boissier, Fl. orient., 2, p. 13 ; Oliver, Fl. of tropical Africa, 1, p. 379.
  2. Venant de Martius, no 1070, du Cabo frio.
  3. Bouton, l. c. ; Baker, Fl. of Mauritius, p. 61 ; Brandis, l. c.
  4. Kurz, Forest flora of Burma, 1, p. 266.
  5. Beddone, Forest flora of India, 1, pl. 149 (représentant le fruit sauvage, plus petit que le cultivé) ; Brandis, l. c.
  6. Rheede, 4, pl. 141.
  7. Piddington, Index.
  8. Rumphius, Amb., 2, pl. 36.