vinces russes du midi du Caucase et de l’Arménie[1] ; en Europe : dans le midi de la Russie, et généralement depuis la Suède méridionale jusque dans les parties montueuses de la Grèce, de l’Italie et de l’Espagne[2]. Elle existe même en Algérie[3].
A mesure qu’on s’éloigne de la région située au midi de la mer Caspienne et de la mer Noire, l’habitation du Cerisier des oiseaux paraît moins fréquente, moins naturelle et déterminée davantage, peut-être, par les oiseaux qui recherchent avidement ses fruits et les portent de proche en proche[4]. On ne peut pas douter qu’elle s’est naturalisée de cette manière, à la suite des cultures, dans le nord de l’Inde[5] dans beaucoup de plaines du midi de l’Europe, à Madère[6], et çà et là aux États-Unis[7] ; mais il est probable que pour la plus grande partie de l’Europe cela est arrivé dans des temps anciens, préhistoriques, attendu que les oiseaux agissaient avant les premières migrations des peuples, avant même qu’il y eût des hommes en Europe. L’habitation se serait étendue dans cette région lorsque les glaciers ont diminué.
Les noms vulgaires dans les anciennes langues ont été l’objet d’un savant article d’Adolphe Pictet[8], mais on ne peut rien en déduire sous le rapport de l’origine, et d’ailleurs les diverses espèces ou variétés ont été souvent confondues dans la nomenclature populaire. Il est bien plus important de savoir si l’archéologie nous apprend quelque chose sur la présence du Cerisier des oiseaux en Europe, dans les temps préhistoriques. M. Heer a figuré des noyaux du Prunus avium dans son mémoire sur les palafîttes de la Suisse occidentale[9]. D’après ce qu’il a bien voulu m’écrire, en date du 14 avril 1881, ces noyaux venaient d’une tourbe au-dessus des anciens dépôts de l’âge de pierre. M. de Mortillet[10] a constaté des noyaux semblables dans les habitations palafittes du lac de Bourget d’une époque peu reculée, postérieure à l’âge de pierre. M. le Dr Gross m’en a communiqué de la station, également peu ancienne, de Corcelette, dans le lac de Neuchâtel, et MM. Strobel et Pigorini en ont découvert dans la « terramare » de Parme[11]. Ce sont toujours des stations moins anciennes que l’âge de pierre et
- ↑ Ledebour, Fl. ross., 2, p. 6 ; Boissier, Fl. orient., 2, p. 649.
- ↑ Ledebour, l. c. ; Fries, Summa Scandiv. p. 46 ; Nyman, Conspectus fl. europ. p. 213 ; Boissier, l. c. ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 245.
- ↑ Munby, Catal. Alg., éd. 2, p. 8.
- ↑ Comme les cerises mûrissent après la saison où les oiseaux émigrent, c’est surtout dans le voisinage des plantations qu’ils dispersent les noyaux.
- ↑ Sir J. Hooker, Fl. of brit. India.
- ↑ Lowe, Manual of Madeira, p. 235.
- ↑ Darlington, Fl. cestrica, éd. 3, p. 73.
- ↑ Ad. Pictet, Origines indo-européennes, éd. 2, vol. 1, p. 281.
- ↑ Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. 24, fig. 17, 18, et p. 26.
- ↑ Dans Perrin, Études préhistoriques sur la Savoie, p. 22.
- ↑ Atti Soc. ital. sc. nat., vol. 6.