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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

je ne dis pas primitif, car tout a été précédé de quelque chose.

Notons, en terminant, que la différence des amandes douces et amères était déjà connue des Grecs et même des Hébreux.

Pêcher. — Amygdalus Persica, Linné. — Persica vulgaris, Miller. — Prunus Persica, Bentham et Hooker.

Je citerai l’article[1] dans lequel j’avais naguère indiqué la pêche comme originaire de Chine, contrairement à l’opinion qui régnait alors et que des personnes, peu au courant de la science, continuent à reproduire. Je donnerai ensuite les faits découverts depuis 1855.

« Les Grecs et les Romains ont reçu le Pécher à peu près au commencement de l’ère chrétienne. » Les noms de Persica, Malum persicum indiquaient d’où ils l’avaient tiré. Je ne reviens pas sur ces faits bien connus[2].

On cultive aujourd’hui divers Pêchers dans le nord de l’Inde[3] ; mais, chose remarquable, on ne leur connaît aucun nom sanscrit[4] : d’où l’on peut inférer une existence et une culture peu anciennes dans ces régions. Roxburgh, ordinairement si explicite pour les noms indiens modernes, ne mentionne que des noms arabes et chinois. Piddington n’indique aucun nom indien, et Royle donne seulement des noms persans.

Le Pêcher ne réussit pas ou exige de très grands soins pour réussir dans le nord-est de l’Inde[5]. En Chine, au contraire, sa culture remonte à la plus haute antiquité. Il existe dans ce pays une foule d’idées superstitieuses et de légendes sur les propriétés de diverses variétés de pêches[6] ; le nombre de ces variétés est très considérable[7] ; en particulier, on y trouve la

  1. Alph. de Candolle, Géogr. bot. rais., p. 881.
  2. Theophrastes, Hist., IV, c. IV ; Dioscorides, l. 1, c. CLXIV ; Pline, édit. de Genève, 1. XV, c. XIII.
  3. Royle, Ill. Him., p. 204.
  4. Roxburgh, Fl. Ind., 2e édit., II, p. 500 ; Piddington, Index ; Royle, l. c.
  5. Sir Jos. Hooker, Journ. of bot., 1850, p. 54.
  6. Rose, chef du commerce français à Canton, les avait recueillies d’après des manuscrits chinois, et Noisette (Jard. fruit., 1, p. 76) a transcrit textuellement une partie de son mémoire. Ce sont des faits dans le genre de ceux-ci : Les Chinois considèrent les pêches allongées en pointe et bien rouges d’un côté comme le symbole d’une longe vie. En conséquence de cette antique persuasion, ces pêches entrent dans tous les ornements, en peinture et en sculpture, et surtout dans les présents de congratulations, etc. Selon le livre de Chin-noug-king, la pêche Yu prévient la mort ; si l’on n’a pas pu la manger à temps, elle préserve au moins le corps de la corruption jusqu’à la fin du monde. On cite toujours la pêche dans les fruits d’immortalité dont on a bercé les espérances de Tsinchi-Hoang, de Vouty, des Han et autres empereurs qui prétendaient à l’immortalité, etc.
  7. Lindley, Trans. hort. soc., V, p. 121.