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PÊCHER

longue culture ou par des fécondations hybrides. En Virginie et dans les États voisins, on a des pêches provenant d’arbres semés, non greffés, et leur abondance est si grande qu’on est obligé d’en faire de l’eau-de-vie[1]. Sur quelques pieds, les fruits sont magnifiques[2]. À Juan-Fernandez, dit Bertero[3], le Pêcher est si abondant, qu’on ne peut se faire une idée de la quantité de fruits qu’on en récolte ; ils sont en général très bons, malgré l’état sauvage dans lequel ils sont retombés. D’après ces exemples, il ne serait pas surprenant que les Pêchers sauvages, à fruits médiocres, trouvés dans l’Asie occidentale, fussent tout simplement des pieds naturalisés sous un climat peu favorable, et que l’espèce fût originaire de Chine, où la culture paraît la plus ancienne. »

Le Dr Bretschneider[4], entouré à Peking de toutes les ressources de la littérature chinoise, après avoir lu ce qui précède, s’est contenté de dire : « Tao est le Pêcher. De Candolle pense que la Chine est le pays natal de la Pêche. Il peut avoir raison (He may be right). »

L’ancienneté d’existence et la spontanéité de l’espèce dans l’Asie occidentale sont devenues plus douteuses qu’en 1855. Les botanistes anglo-indiens parlent du Pêcher comme d’un arbre uniquement cultivé[5] ou cultivé et se naturalisant dans le nord-ouest de l’Inde, avec une apparence spontanée[6]. M. Boissier[7] cite des échantillons recueillis dans le Ghilan et au midi du Caucase, mais il n’affirme rien quant à la qualité spontanée, et Karl Koch[8], après avoir parcouru cette région, dit en parlant du Pêcher : « Patrie inconnue, peut-être la Perse. » M. Boissier a vu des pieds qui se sont établis dans les gorges du mont Hymette, près d Athènes.

Le Pêcher se répand avec facilité dans les pays où on le cultive, de sorte qu’on a de la peine à savoir si tel individu est d’origine naturelle, antérieure à la culture, ou s’il est naturalisé ; mais c’est en Chine qu’on a certainement commencé à le planter ; c’est là qu’on en a parlé deux mille ans avant l’introduction dans le monde gréco-romain, un millier d’années peut-être avant l’introduction dans les pays de langue sanscrite.

Le groupe des Pêchers (genre ou sous-genre) se compose maintenant de cinq formes, que Decaisne[9] considérait comme des espèces, mais que d’autres botanistes appelleront volontiers

  1. Braddick, Trans. hort. Soc. Lond., 2, p. 205.
  2. Ibid., pl. 13.
  3. Bertero, dans Ann. sc. nat., XXI, p. 350.
  4. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical work., p. 10.
  5. Sir J. Hooker, Fl. of brit. India, 2, p. 313.
  6. Brandis, Forest flora, etc., p. 191.
  7. Boissier, Flora orientalis, 2, p. 640.
  8. K. Koch, Dendrologie, 1, p. 83.
  9. Decaisne, Jardin fruitier au Muséum, Pêchers, p. 42.