térieurs ont pu continuer dans quelques pays. Comme exemple de ce dernier cas, je citerai deux noms basques du Poirier, Udarea et Madaria[1], qui n’ont aucune analogie avec les noms asiatiques ou européens déjà connus. Les Basques étant probablement des Ibères subjugués et refoulés vers les Pyrénées par les Celtes, l’ancienneté de leur langue est très grande, et, pour l’espèce en question, il est clair qu’ils n’ont pas reçu les noms des Celtes ou des Romains.
En définitive, on peut regarder l’habitation actuelle du Poirier de la Perse septentrionale à la côte occidentale de l’Europe tempérée, principalement dans les régions montueuses, comme préhistorique et même antérieure à toute culture. Il faut ajouter néanmoins que dans le nord de l’Europe et dans les îles britanniques la fréquence des cultures a dû étendre et multiplier des naturalisations d’une époque relativement moderne, qu’on ne peut guère distinguer maintenant.
Je ne saurais me ranger à l’hypothèse de Godron, que les nombreuses variétés cultivées proviennent d’une espèce asiatique inconnue[2]. Il semble qu’elles peuvent se rattacher, comme le dit Decaisne, au P. communis ou au P. nivalis, dont je vais parler, en admettant les effets de croisements accidentels, de la culture et d’une longue sélection. D’ailleurs on a exploré l’Asie occidentale assez complètement pour croire qu’elle ne renferme pas d’autres espèces que celles déjà décrites.
Poirier Sauger. — Pyrus nivalis, Jacquin.
On cultive en Autriche, dans le nord de l’Italie et dans plusieurs départements de l’est et du centre de la France, un Poirier qui a été nommé par Jacquin Pyrus nivalis[3], à cause du nom allemand Schneebirn, motivé par l’usage des paysans autrichiens d’en consommer les fruits quand la neige couvre les montagnes. On le nomme en France Poirier Sauger, parce que les feuilles ont en dessous un duvet blanc qui les fait ressembler à la Sauge. Decaisne[4] regardait toutes les variétés de Saugers comme dérivant du Pyrus Kotschyana, Boissier[5], qui croît spontanément dans l’Asie Mineure. Celui-ci prendrait alors le nom de nivalis, qui est le plus ancien.
Les Saugers cultivés en France pour faire du poiré sont devenus sauvages, çà et là, dans les forêts[6]. Ils constituent la
- ↑ D’après une liste de noms de plantes communiquée par M. d’Abadie à M. le professeur Clos, de Toulouse.
- ↑ Godron, l. c., p. 28.
- ↑ Jacquin, Flora austriaca, 2, p. 4, pl. 107.
- ↑ Decaisne, ibid., pl. 18, et introduction, p. 30. Plusieurs variétés de Saugers, dont quelques-unes ont de gros fruits, sont figurées dans le même ouvrage.
- ↑ Decaisne, Jardin fruitier du Muséum, Poiriers, pl. 21.
- ↑ Boreau, Flore du centre de la France, éd. 3, v. 2, p. 236.