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POTIRON

chaude. Maintenant, l’espèce est devenue spontanée autour des habitations, particulièrement dans les îles de la mer. » L’expression : habitants de notre pays, a l’air de signifier les colons plutôt que les indigènes. Entre la découverte de la Virginie, par Cabot en 4497, ou les voyages de W. Raleigh en 4584, et les flores des botanistes modernes, il s’est écoulé plus de deux siècles, et les indigènes auraient eu le temps de répandre la culture de l’espèce, s’ils l’avaient reçue des Européens. Mais le fait même de la culture par les Indiens à l’époque des premières relations sur leur compte est douteux. Torrey et Gray[1] l’avaient mentionné comme certain dans leur flore, publiée en 1830-40, et plus tard le second de ces habiles botanistes[2], dans un article sur les Cucurbitacées connues des indigènes, ne cite pas le Calabash ou Lagenaria. Je remarque la même omission dans un autre article spécial, sur le même sujet, publié plus récemment[3].

Potiron. — Cucurbita maxima, Duchesne.

En commençant l’énumération des espèces du genre Cucurbita, je dois expliquer que la distinction, autrefois très difficile, des espèces, a été fondée par M. Naudin[4] d’une manière scientifique, au moyen d’une culture assidue des variétés et d’expériences sur leur fécondation croisée. Il nomme espèces les groupes de formes qui ne peuvent pas se féconder mutuellement ou dont les produits n’ont pas été féconds et stables, et races ou variétés les formes qui se croisent entre elles et donnent des produits féconds et variés. La suite des expériences[5] l’a averti que l’établissement des espèces sur cette base n’est pas sans exceptions, mais dans le genre Cucurbita les faits physiologiques concordent avec les différences extérieures. M. Naudin a établi les véritables caractères distinctifs des Cucurbita maxima et C. Pepo, La première a les lobes de la feuille arrondis, les pédoncules à surface unie et les lobes de la corolle recourbés à l’extérieur ; la seconde a les lobes de la feuille aigus, les pédoncules marqués de côtes et sillons, la corolle rétrécie à la base, avec les lobes presque toujours dressés.

Les principales formes du Cucurbita maxima sont le Potiron jaune, qui atteint quelquefois un poids énorme[6], le Potiron turban ou Giraumon, le Courgeron, etc.

Les noms vulgaires et des anciens auteurs ne cadrant pas avec les définitions botaniques, il faut se défier des assertions

  1. Torrey et Gray, Flora of N. America, 1, p. 544.
  2. A. Gray, dans American journal of science, 1857, vol. 24, p. 442.
  3. Trumbull, dans Bulletin of the Torrey club of botany, vol. 6, ann. 1876, p. 69.
  4. Naudin, dans Annales des sc. nat., série 4, vol. 6, p. 5 ; vol. 12, p. 84.
  5. Ann. sc. nat., série 4, vol. 18, p. 160, vol. 19, p. 180.
  6. Jusqu’à 100 kilogr., d’après Le bon jardinier, 1850, p. 180.