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Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/214

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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

répandues autrefois sur les origines et sur l’introduction de la culture de telle ou telle courge à certaine époque ou dans certaines contrées. C’est une des raisons pour lesquelles, quand je me suis occupé du sujet, en 1855, la patrie de ces plantes était restée pour moi inconnue ou très douteuse. Aujourd’hui, on peut scruter mieux la question.

D’après sir Joseph Hooker[1], le Cucurbita maxima a été trouvé par Barter sur les bords du Niger, en Guinée, « avec l’apparence indigène » (apparently indigenous), et par Welwitsch dans l’Angola, sans affirmation de la qualité spontanée. Je ne vois aucune indication de spontanéité dans les ouvrages sur l’Abyssinie, l’Égypte ou autres pays africains dans lesquels on cultive communément l’espèce. Les Abyssins se servent du mot Dubba, qui s’applique, en arabe, aux Courges, dans un sens très général.

Longtemps on a soupçonné une origine indienne, en s’appuyant sur des noms tels que Courge d’Inde, donnés par des botanistes du XVIe siècle, et, en particulier, sur le Pepo maximus indicus, figuré par Lobel[2], qui rentre bien dans l’espèce actuelle ; mais c’est un genre de preuve bien faible, car les indications vulgaires d’origine sont souvent fausses. Le fait est que si les Potirons sont cultivés dans l’Asie méridionale, comme ailleurs entre les tropiques, on n’a pas rencontré la plante à l’état sauvage[3]. Aucune espèce semblable ou analogue n’est indiquée dans les anciens ouvrages chinois, et les noms modernes des Courges et Potirons cultivés actuellement en Chine montrent une origine étrangère méridionale[4]. Il est impossible de savoir à quelle espèce s’appliquait le nom sanscrit Kurkarou, attribué par Roxburgh au Cucurbita Pepo, et l’incertitude n’est pas moins grande au sujet des Courges, Potirons et Melons cultivés par les Grecs et les Romains. On n’a pas constaté la présence d’un Potiron dans l’ancienne Égypte. Peut-être en cultivait-on dans ce pays et dans le monde gréco-latin ? Les Pepones dont Charlemagne ordonnait la culture dans ses fermes[5] étaient ou l’espèce actuelle ou le Cucurbita Pepo ; mais aucune figure ou description reconnaissable de ces plantes n’a été donnée avant le XVIe siècle.

Ceci pourrait faire présumer une origine américaine. L’existence, à l’état spontané, en Afrique, est bien une objection, car les espèces de la famille des Cucurbitacées sont très locales ; mais il y a des arguments en faveur de l’Amérique, et je dois les

  1. Hooker, Flora of tropical Africa, 2, p. 555.
  2. Lobel, Icones, t. 641. La figure est reproduite dans Dalechamp, Hist., 1, p. 626.
  3. Clarke, dans Hooker, Flora of british India, 2, p. 622.
  4. Bretschneider, lettre du 23 août 1881.
  5. La liste est dans E. Meyer, Geschichte der Botanik, 3, p. 401. Les Cucurbita dont il parle également devaient être la Gourde, Lagenaria.