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PISTACHIER — FÈVE

la plante est de Syrie. Le premier nous dit qu’elle a été introduite en Italie, par Vitellius, à la fin du règne de Tibère, et de là en Espagne, par Flavius Pompée.

Il n’y a pas de raison de croire que la culture du Pistachier fût ancienne dans son pays d’origine, mais elle est pratiquée de nos jours en Orient, de même qu’en Sicile et à Tunis. Dans le midi de la France et en Espagne, elle n’a guère d’importance.

Fève. — Faba vulgaris, Moench, — Vicia Faba, Linné.

Linné, dans son meilleur ouvrage descriptif, l’Hortus cliffortianus, convient que l’origine de cette espèce est obscure, comme celle de beaucoup de plantes anciennement cultivées. Plus tard, dans son Species, qu’on cite davantage, il a dit, sans en donner aucune preuve, que la fève « habite en Égypte ». Un voyageur russe de la fin du siècle dernier, Lerche, l’a trouvée sauvage dans le désert Mungan, du Mazanderan, au midi de la mer Caspienne[1]. Les voyageurs qui ont herborisé dans cette région l’ont quelquefois rencontrée[2], mais ils ne la mentionnent pas dans leurs ouvrages[3], si ce n’est Ledebour, qui n’est pas exact dans la citation sur laquelle il s’appuie[4]. Bosc[5] a prétendu qu’Olivier avait trouvé la Fève sauvage en Perse. Je n’en vois pas la confirmation dans le Voyage d’Olivier, et en général Bosc paraît avoir cru un peu légèrement que ce voyageur avait trouvé beaucoup de nos plantes cultivées dans l’intérieur de la Perse. Il le dit du Sarrasin et de l’Avoine, dont Olivier n’a pas parlé.

La seule indication, outre celle de Lerche, que je découvre dans les flores, est d’une localité bien différente. Munby[6] mentionne la Fève, comme spontanée, en Algérie, à Oran. Il ajoute qu’elle y est rare. Aucun auteur, à ma connaissance, ne l’a citée dans l’Afrique septentrionale. M. Cosson, qui connaît mieux que personne la flore d’Algérie, m’a certifié n’avoir vu ou reçu aucun échantillon de Fève sauvage du Nord de l’Afrique. Je me suis assuré qu’il n’y en a pas dans l’herbier de Munby, mainte-

  1. Lerche, Nova acta Acad. cæsareo-Leopold., vol. 5, appendix, p. 203, publié en 1773. M. Maximowicz (lettre du 23 février. 1882) m’apprend que l’échantillon de Lerche existe dans l’herbier du jardin impérial de Saint-Pétersbourg. Il est en fleur et ressemble en tout à la Fève cultivée, moins la taille, qui est à peu près d’un demi-pied. L’étiquette mentionne la localité et la spontanéité, sans autre observation.
  2. Il y a dans le même herbier des échantillons transcaucasiens, mais plus grands de taille et qu’on ne dit pas spontanés.
  3. Marschall Bieberstein, Flora Caucaso-Taurica ; C.-A. Meyer, Verzeichniss ; Hohenacker, Enum. plant. Talysch ; Boissier, Fl. orientalis, p. 578 ; Buhse et Boissier, Plant. Transcaucasiæ.
  4. Ledebour, Fl. ross., 1, p. 664, cite de Candolle, Prodromus, 2, p. 534 ; or c’est Seringe qui a rédigé l’article Faba du Prodromus, dans lequel est indiqué le midi de la mer Caspienne, probablement d’après Lerche, dans Willdenow.
  5. Bosc, Dict. d’agric., 5, p. 512.
  6. Munby, Catalogus plant. in Algeria sponte nascentium, éd. 2, p. 12.