question déjà dans Aristophane, comme servant de nourriture aux pauvres[1]. Les Latins l’appelaient Lens, mot d’une origine inconnue, qui est évidemment lié au nom ancien slave Lesha, illyrien Lechja, lithuanien Lenszic[2]. La diversité des noms grec et latin est une indication que l’espèce a peut-être existé en Grèce et en Italie, avant d’y être cultivée. Une autre preuve d’existence ancienne en Europe est qu’on a trouvé des lentilles dans les habitations lacustres de l’île Saint-Pierre, du lac de Bienne[3], qui sont, il est vrai, de l’époque du bronze. L’espèce peut avoir été tirée d’Italie.
D’après Théophraste[4], les habitants de la Bactriane (Bouckharie actuelle) ne connaissaient pas le Fakos des Grecs. Adolphe Pictet cite un nom persan, Mangu ou Margu ; mais il ne dit pas si c’est un nom ancien, qui se trouve, par exemple, dans le Zend-avesta. Il admet pour la Lentille plusieurs noms sanscrits, Masura, Renuka, Mangalya, etc., tandis que les botanistes anglo-indiens, Roxburgh et Piddington, n’en connaissaient aucun[5]. Comme ceux-ci mentionnent un nom analogue hindustani et bengali, Mussour, on peut croire que Masura exprime bien la Lentille, tandis que mangu des Persans rappelle l’autre nom, Mangalya, Roxburgh et Piddington ne donnant aucun nom dans les autres langues de l’Inde, on peut présumer que la lentille n’était pas connue dans ce pays avant l’arrivée du peuple de langue sanscrite. Il n’est pas question de l’espèce dans les anciens ouvrages chinois ; du moins, le Dr Bretschneider n’en parle ni dans son opuscule de 1870, ni dans les lettres plus détaillées qu’il m’a écrites récemment.
En résumé, la lentille paraît avoir existé dans l’Asie occidentale tempérée, en Grèce et en Italie quand les hommes ont eu l’idée de la cultiver, dans un temps préhistorique très ancien, et l’ont portée en Égypte. La culture paraît s’être étendue, à une époque moins reculée, mais à peine historique, à l’ouest et à l’est, c’est-à-dire en Europe et dans l’Inde.
Pois chiche. — Cicer arietinum, Linné.
On connaît quinze espèces du genre Cicer, qui sont toutes de l’Asie occidentale ou de la Grèce, à l’exception d’une, qui est d’Abyssinie. La probabilité est donc très grande que l’espèce cultivée vient des pays entre la Grèce et l’Himalaya, appelés vaguement l’Orient.
Elle n’a pas été trouvée, d’une manière certaine, dans les conditions d’une plante spontanée. Toutes les flores du midi de