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CAJAN

auteurs de flores de l’Inde continentale n’ont vu la plante qu’à l’état cultivé[1]. Aucun, à ma connaissance, n’affirme la qualité spontanée. Pour l’île de Ceylan, Thwaites[2] s’exprime ainsi : « On dit qu’elle n’est pas réellement sauvage, et les noms du pays paraissent le confirmer. » Sir Jos. Hooker, dans sa flore de l’Inde anglaise, dit : « Sauvage ? et cultivée jusqu’à 6000 pieds dans l’Himalaya. » Loureiro[3] l’indique cultivée et non cultivée « en Cochinchine et en Chine. » Les auteurs chinois ne paraissent pas en avoir parlé, car l’espèce n’est pas nommée dans l’opuscule du Dr Bretschneider, On study, etc. Dans les îles de la Sonde, elle est mentionnée comme cultivée, et même assez rarement à Amboine, à la fin du dix-septième siècle, d’après Rumphius[4]. Forster ne l’avait pas vue dans les îles de la mer Pacifique lors du voyage de Cook, mais Seemam nous apprend que les missionnaires l’ont introduite depuis peu dans les jardins des îles Fidji[5] Tout cela fait présumer une extension peu ancienne de la culture à l’est et au midi du continent asiatique. Outre la citation de Loureiro, je vois qu’on indique l’espèce sur la montagne de Magelang, de l’île de Java[6] ; mais, en supposant une véritable et ancienne spontanéité dans ces deux cas, il serait bien extraordinaire qu’on ne trouvât pas également l’espèce dans beaucoup d’autres localités asiatiques.

L’abondance des noms indiens et malais[7] montre une culture assez ancienne. Piddington indique même un nom sanscrit, Arhuku, que Roxburgh ne connaissait pas, mais il ne donne aucune preuve à l’appui de son assertion. Le nom peut avoir été simplement supposé, d’après les noms hindou et bengali Urur et Orol. On ne connaît pas de nom sémitique.

En Afrique, le Cajan est signalé souvent de Zanzibar à la côte de Guinée[8]. Les auteurs le disent cultivé, ou ne s’expliquent pas à cet égard, ce qui semble indiquer des échantillons quelquefois spontanés. En Égypte, la culture est toute moderne, du XIXe siècle[9].

En résumé, je doute que l’espèce soit vraiment spontanée en Asie et qu’elle s’y trouve depuis plus de 3000 ans. Si les anciens peuples l’avaient connue, elle serait arrivée à la connaissance des Arabes et des Égyptiens avant notre époque. Au contraire, dans l’Afrique équatoriale, il est possible qu’elle existe, sauvage ou cultivée, depuis un temps très long, et qu’elle soit arrivée en

  1. Rheede, Roxburgh, Kurz, Burm. flora, etc.
  2. Thwaites, Enum. plant. Ceylan.
  3. Loureiro, Fl. cochinch., p. 565.
  4. Rumphius, Amb., vol. 5, t. 135.
  5. Seemann, Flora Vitiensis, p. 74.
  6. Junghuhn, Plantæ Jungh., fasc. 1, p. 241.
  7. Piddington, Index ; Rheede, Malab., 6, p. 23 ; etc.
  8. Pickering, Chronol. arrangement of plants, p. 442 ; Peters, Reise, p. 36 ; R. Brown, Bot. of Congo, p. 53 ; Oliver, Flora of tropical Africa, 2, p. 216.
  9. Bulletin de la Soc. d’acclimatation, 1871, p. 663.