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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES

spontanée, et Parlatore la classe dans le G. religiosum, Linné.

Une forme importante dans la culture est celle du coton à longue soie, appelé par les Anglo-Américains Sea island, ou Long staple cotton, que Parlatore rapporte au G. barbadense, Linné. On la regarde comme américaine d’origine, mais personne ne dit l’avoir vue sauvage.

En résumé, si les documents historiques sont positifs en ce qui concerne un emploi du coton en Amérique depuis des temps bien antérieurs à l’arrivée des Européens, l’habitation spontanée de la plante ou des plantes qui fournissaient cette matière est encore très peu connue. On s’aperçoit, dans cette occasion, de l’absence, pour l’Amérique tropicale, d’ouvrages analogues aux flores des colonies anglaises et hollandaises d’Afrique et d’Asie.

Arachide, Pistache de terre. — Arachis hypogæa, Linné.

Rien de plus curieux que la manière de fructifier de cette Légumineuse annuelle, qu’on cultive dans tous les pays chauds, soit pour en manger la graine, soit surtout pour extraire l’huile, contenue dans ses cotylédons[1]. M. Bentham a publié dans la Flore brésilienne, in-folio, vol. 15, planche 23, des détails très complets, où l’on voit comment le pédoncule de la fleur se recourbe après la floraison et enfouit le légume dans le terrain.

L’origine de l’Arachide a été contestée pendant un siècle, même par des botanistes qui employaient de bonnes méthodes pour la découvrir. Il n’est pas inutile de voir comment on est arrivé à la vérité. Cela peut servir de direction pour les cas analogues. Je citerai donc ce que j’ai dit en 1855[2], et terminerai en donnant de nouvelles preuves, à la suite desquelles aucun doute ne peut subsister :

« Linné[3] avait dit de l’Arachis : « Elle habite à Surinam, au Brésil et au Pérou. » Selon son habitude, il ne spécifiait pas si l’espèce était spontanée ou cultivée dans ces pays. En 1818, R. Brown[4] s’exprimait ainsi : « Elle a été probablement introduite de Chine, sur le continent indien, à Ceylan et dans l’archipel malais, où l’on peut croire, malgré sa culture aujourd’hui générale, qu’elle n’est pas indigène, particulièrement à cause des noms qu’on lui donne. Je regarde comme n’étant pas très improbable qu’on l’aurait apportée d’Afrique dans différentes régions équinoxiales de l’Amérique, quoique cependant elle soit indiquée dans quelques-uns des premiers écrits sur ce continent,

  1. Le Gardener’s chronicle du 4 septembre 1880 donne des détails sur la culture de cette plante, sur l’emploi de ses graines, et sur l’immense exportation qui s’en fait actuellement de la côte occidentale d’Afrique, du Brésil, de l’Inde, etc., en Europe.
  2. A. de Candolle, Géographie botanique raisonnée, p. 962.
  3. Linné, Species plantarum, p. 1040.
  4. R. Brown, Botany of Congo, p. 53.