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CAFÉIER

fruits . En 1714 , les magistrats de cette ville en envoyèrent un pied en bon état et couvert de fruits à Louis XIV , qui le déposa dans son jardin de Marly . On multiplia aussi le Caféier dans les serres du jardin du roi à Paris. L’un des professeurs de cet établissement, Antoine de Jussieu, avait déjà publié, en 1713, dans les Mémoires de l’Académie des sciences, une description intéressante de la plante, d’après un pied que Paneras, directeur du jardin d’Amsterdam, lui avait envoyé.

Les premiers Caféiers plantés en Amérique furent introduits à Surinam par les Hollandais, en 1718. De la Motte-Aigron, gouverneur de Cayenne, ayant été à Surinam, en obtint quelques-uns en cachette et les multiplia en 1725[1]. Le Caféier fut introduit à la Martinique par de Clieu[2], officier de marine, en 1720 d’après Deleuze[3], en 1723 d’après les Notices statistiques sur les colonies françaises[4]. On l’introduisit de là dans les autres îles françaises, par exemple à la Guadeloupe en 1730[5]. Sir Nicolas Lawes le cultiva le premier à la Jamaïque[6]. Dès 1718, la Compagnie française des Indes avait envoyé des plantes de café Moka à l’île Bourbon[7] et même, selon d’autres[8], ce fut en 1717 qu’un nommé Dufougerais-Grenier fit venir de Moka dans cette île des pieds de Caféier. On sait combien la culture de cet arbuste s’est répandue à Java, à Ceylan, aux Antilles et au Brésil. Rien ne l’empêche de s’étendre dans la plupart des pays inter tropicaux, d’autant plus que le Caféier s’accommode des terrains en pente et assez arides où d’autres produits ne peuvent pas réussir. Il est dans l’agriculture tropicale un équivalent de la vigne en Europe et du thé en Chine.

On peut trouver d’autres détails dans le volume publié par M. H. Welter[9] sur l’histoire économique et commerciale du café. L’auteur a même ajouté un chapitre intéressant sur les divers succédanés, au moyen desquels on remplace, passablement ou

  1. Ce détail est emprunté à Ellis, Diss. Caf., p. 16. Les Notices statistiques sur les colonies françaises, 2, p. 46, disent ; « Vers 1716 ou 1721, des semences fraîches de café ayant été apportées secrètement de Surinam, malgré la surveillance des Hollandais, la culture de cette denrée coloniale se naturalisa à Cayenne. »
  2. Le nom de ce marin a été écrit de plusieurs manières, Declieux, Duclieux, Desclieux, selon les ouvrages. D’après les informations que j’ai prises au ministère de la guerre, de Clieux était un gentilhomme allié au comte de Maurepas. Il était né en Normandie, était entré dans la marine en 1702, et s’était retiré en 1760, après une carrière très honorable. J’ai donné ses états de service dans une note de ma Géographie botanique, p. 971. Il est mort en 1775. Les rapports officiels n’ont pas omis de mentionner le fait important qu’il avait introduit la Caféier dans les colonies françaises.
  3. Delenze, Hist, du Muséum, 1, p. 20.
  4. Notices statist. sur les colonies françaises, 1, p. 30.
  5. Notices statist. col. fr., 1, p. 209.
  6. Martin, Statist. colon. Brit. Emp.
  7. Nouv. Dict. hist. nat., IV, p. 135.
  8. Notices stat. col. franc., 2, p. 84.
  9. H. Welter, Essai sur l’histoire du café, 1 vol. in-8o Paris, 1868.