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LÉGUMES. — CRESSON. — POURPIER

septentrionale, l’Asie occidentale, l’Inde et ailleurs ; mais, d’où est-elle originaire ? C’est assez obscur.

Je possède plusieurs échantillons recueillis dans l’Inde, où sir J. Hooker[1] ne regarde pas l’espèce comme indigène. Kotschy l’a rapportée de l’île Karek ou Karrak, du golfe Persique. L’étiquette ne dit pas que ce fût une plante cultivée. M. Boissier[2] en parle, sans ajouter aucune réflexion, et il mentionne ensuite des échantillons d’Ispahan et d’Égypte recueillis dans les cultures. Olivier est cité pour avoir vu le Cresson alénois en Perse, mais on ne dit pas si c’était à l’état vraiment spontané[3]. On répète dans les livres que Sibthorp l’a trouvé dans l’île de Chypre, et, quand on remonte à son ouvrage, on voit que c’était dans les champs[4]. Poech ne l’a pas mentionné à Chypre[5]. Unger et Kotschy[6] ne le disent pas spontané dans cette île. D’après Ledebour[7], Koch l’a trouvé autour du couvent du Mont Ararat, Pallas près de Sarepta, Palk au bord de l’Oka, affluent du Volga ; enfin H. Martius l’a cité dans sa flore de Moscou ; mais on n’a pas de preuves de la spontanéité dans ces diverses localités. Lindemann[8], en 1860, ne comptait pas l’espèce parmi celles de Russie, et, pour la Crimée, il l’indique seulement comme cultivée[9]. D’après Nyman[10], le botaniste Schur l’aurait trouvée sauvage en Transylvanie, tandis que les flores de l’Autriche-Hongrie ne citent pas l’espèce, ou la disent cultivée ou croissant dans les terrains cultivés.

Je suis porté à croire, d’après l’ensemble de ces données plus ou moins douteuses, que la plante est originaire de Perse, d’où elle a pu se répandre, après l’époque du sanscrit, dans les jardins de l’Inde, de la Syrie, de la Grèce, de l’Égypte et jusqu’en Abyssinie[11].

Pourpier. — Portulaca oleracea, Linné.

Le pourpier est une des plantes potagères les plus répandues dans l’ancien monde, depuis des temps très reculés. On l’a transportée en Amérique, où elle se naturalise, comme en Europe, dans les jardins, les décombres, au bord des chemins, etc. C’est un légume plus ou moins usité, une plante officinale et en même temps une excellente nourriture pour les porcs.

  1. Hooker, Fl. brit. India, 1, p. 160.
  2. Boissier. Fl. orient., vol. 1.
  3. De Candolle, Syst., 2, p. 533.
  4. Sibthorp et Smith, Prodr. fl. græcæ, 2, p. 6.
  5. Poech, Enum. plant. Cypri, 1842.
  6. Unger et Kotschy, Inseln Cypern, p. 331.
  7. Ledebour, F. ross., 1, p. 203.
  8. Lindemann, Index plant. in Ross., Bull. Soc. nat. Mosc. 1860, vol. 33.
  9. Lindemann, Prodr. fl. Cherson. p. 21.
  10. Nyman, Conspectus fl. europ., 1878, p. 65.
  11. Schweinfurth, Beitr. fl. Æth., p. 270.